
Une Épidémie silencieuse qui prend de l’Ampleur
L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 ne concerne plus uniquement les oiseaux. Depuis sa détection chez les bovins laitiers aux États-Unis, la menace devient plus pressante, notamment en Afrique, où l’élevage est un moteur essentiel de l’économie et de la sécurité alimentaire. La FAO sonne l’alarme et appelle à une surveillance accrue pour éviter une propagation incontrôlée.
Un Virus de plus en plus Imprévisible
Apparu en 2021 sous le clade 2.3.4.4b, le H5N1 ne cesse d’évoluer et de contaminer des espèces toujours plus variées, des mammifères marins aux carnivores domestiques. En 2024, la confirmation de sa présence chez les bovins et la détection d’infections chez des travailleurs agricoles exposés aux animaux infectés renforcent les craintes d’une transmission interespèces.
En Afrique, où la transhumance et la proximité des élevages bovins et aviaires sont fréquentes, le risque de contamination s’accroît. L’absence de barrières strictes entre espèces et les lacunes en surveillance sanitaire compliquent encore davantage la situation.
Surveillance : Les Recommandations clés de la FAO
Pour limiter la propagation du virus, la FAO propose des mesures adaptées aux réalités du continent africain :
- Renforcement de la vigilance épidémiologique : Sensibiliser les éleveurs et les vétérinaires à identifier et signaler les cas suspects.
- Surveillance ciblée et basée sur les risques : Prioriser les zones où se côtoient élevage bovin, volailles domestiques et oiseaux migrateurs, en particulier autour des marchés à bétail.
- Mise en place de campagnes de dépistage : Effectuer des tests dans les exploitations exposées et intégrer la surveillance du H5N1 aux programmes existants de contrôle des maladies animales.
- Utilisation des réseaux communautaires : Relayer les alertes via les associations d’éleveurs, les radios locales et les réseaux sociaux pour une diffusion rapide des informations.
- Modernisation des infrastructures vétérinaires : Augmenter les capacités des laboratoires de diagnostic pour détecter précocement les foyers d’infection.
- Réaction rapide en cas de détection : Mener des enquêtes épidémiologiques dès l’apparition d’un foyer pour tracer les sources et limiter la propagation.
L’Afrique à l’épreuve de défis sanitaires majeurs
Malgré ces recommandations, plusieurs obstacles freinent la lutte contre le H5N1 sur le continent :
- Faiblesse des infrastructures sanitaires : De nombreux pays disposent de peu de laboratoires équipés pour tester rapidement les cas suspects.
- Mobilité des troupeaux et commerce informel : La transhumance transfrontalière et les marchés informels multiplient les risques de propagation.
- Manque de financements et de formation : La surveillance vétérinaire reste sous-financée et les ressources humaines qualifiées font défaut.
- Coordination intersectorielle insuffisante : Une collaboration plus étroite entre la santé humaine, animale et environnementale est essentielle pour éviter une crise sanitaire plus large.
Une Lueur d’Espoir : Les solutions à portée de main
Malgré ces défis, des solutions existent pour améliorer la résilience face à cette menace :
- Intégration avec les dispositifs existants : S’appuyer sur les programmes de surveillance d’autres maladies animales comme la fièvre aphteuse ou la PPR pour inclure le H5N1.
- Coopération régionale et partage des données : Encourager la communication entre pays via l’OMSA et la FAO pour suivre l’évolution du virus et coordonner les réponses.
- Technologies et intelligence artificielle : Utiliser la télédétection et l’analyse des données en temps réel pour identifier plus rapidement les foyers épidémiques.
- Renforcement des compétences locales : Former davantage de vétérinaires et fournir du matériel de diagnostic portable pour améliorer la détection sur le terrain.
Une course contre la montre
Face à la menace croissante du H5N1, le temps presse. En Afrique, où l’élevage est vital pour des millions de personnes, il est impératif d’agir avant que la situation ne devienne incontrôlable.
Les directives de la FAO ne sont pas de simples recommandations : elles sont un appel urgent à l’action. Une surveillance renforcée, une meilleure coordination et des investissements ciblés pourraient permettre d’éviter une crise majeure. L’Afrique doit se mobiliser immédiatement pour protéger ses élevages, ses éleveurs et la santé publique.