A propos

AfricaVet est le portail de la medecine vétérinaire en Afrique. Créer en 2010 pour …

Contactez-nous

 

Phone

+221 000 000 000

 

Address

Dakar, ……,
Yaoundé, Biyem-assi

Suspension du financement américain : un frein à la riposte contre la mpox en RDC, aggravant la crise sanitaire et le risque zoonotique

La République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une recrudescence alarmante des cas de mpox, une situation aggravée par la suspension des financements américains et l’instabilité sécuritaire persistante dans l’est du pays. Cette crise met en évidence non seulement les vulnérabilités du système de santé congolais, mais aussi la nécessité d’une approche intégrée de lutte contre les maladies zoonotiques, qui circulent entre les humains et les animaux.

Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) ont récemment alerté sur les conséquences du gel des financements américains, notamment ceux de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Cette décision affecte la riposte contre la mpox en perturbant la chaîne de transport des échantillons, en réduisant l’accès aux tests et en entravant les efforts de vaccination.

Selon le Dr Ngashi Ngongo, responsable de la gestion de la mpox au sein d’Africa CDC, le manque de ressources nuit à la surveillance épidémiologique et aux interventions d’urgence. « Sans financements, nous ne pouvons pas surveiller efficacement l’évolution du virus, ce qui accroît le risque de transmission incontrôlée et d’émergence de nouvelles souches », a-t-il déclaré.

Jean Kaseya, directeur d’Africa CDC, a ajouté que la suspension de l’aide américaine pourrait entraîner jusqu’à 4 millions de décès supplémentaires par an en Afrique, toutes causes confondues. Il a exhorté les gouvernements africains à rechercher des alternatives de financement et à clarifier auprès des ambassades américaines si une exemption humanitaire peut être obtenue pour maintenir les programmes de santé prioritaires.

La mpox et les maladies zoonotiques : une menace persistante

La mpox, historiquement connue sous le nom de variole du singe, est une maladie zoonotique qui se transmet de l’animal à l’homme. Elle est principalement associée aux rongeurs et aux primates, bien que les mécanismes précis de son cycle de transmission restent mal compris. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et plusieurs instituts de recherche soulignent que l’augmentation des interactions entre les humains et la faune sauvage, notamment en raison de la déforestation, du commerce d’animaux vivants et du changement climatique, favorise l’émergence de nouvelles épidémies zoonotiques.

En RDC, les foyers de mpox sont souvent associés aux contacts avec des animaux sauvages, en particulier dans les zones rurales où la consommation de viande de brousse est courante. Les enfants et les jeunes adultes vivant dans des régions forestières sont parmi les plus exposés au virus en raison de la proximité avec la faune.

Outre la mpox, d’autres maladies d’origine animale représentent une menace pour la santé publique en RDC et dans le reste de l’Afrique :

  • La rage, transmise par les chiens et les chauves-souris, demeure un problème de santé publique majeur en raison du manque de vaccination canine.
  • La fièvre de la Vallée du Rift, une zoonose transmise par les moustiques qui touche à la fois les humains et les animaux d’élevage (bovins, ovins, caprins), a récemment été signalée en Afrique centrale, notamment en Centrafrique, près de la frontière camerounaise.
  • Le virus Ebola, dont plusieurs épidémies ont été enregistrées en RDC, provient probablement des chauves-souris frugivores et se transmet ensuite à l’homme via des contacts avec des primates infectés.

La suspension de financements destinés à la lutte contre ces maladies fragilise encore davantage les systèmes de surveillance, augmentant le risque de propagation de nouveaux agents pathogènes d’origine animale.

Une riposte fragilisée par l’insécurité et un accès limité aux vaccins

Les défis liés à la riposte contre la mpox en RDC sont aggravés par l’instabilité dans l’est du pays, notamment autour de Goma, où les affrontements entre groupes armés ont conduit à des déplacements massifs de populations. Cette situation complique l’accès aux soins et perturbe les campagnes de vaccination.

En Ouganda, voisin de la RDC, la situation semble légèrement plus favorable. Grâce aux efforts des autorités sanitaires, 9 000 des 10 000 doses de vaccin disponibles ont été administrées, en ciblant notamment les travailleurs du sexe et les populations à haut risque. Cependant, en RDC, la vaccination reste largement insuffisante en raison de la désorganisation logistique et du manque de financements.

Un point d’espoir réside dans l’approbation récente par l’OMS d’un nouveau vaccin développé par la société japonaise KM Biologics, qui pourrait faciliter l’accès à des doses supplémentaires. Toutefois, sa distribution dépendra des financements disponibles et de la capacité à acheminer ces vaccins vers les régions les plus touchées.

L’urgence d’une approche « One Health » pour prévenir les crises futures

La crise actuelle met en évidence l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale, un concept promu par l’initiative « One Health ». Cette approche, qui prône une collaboration entre les secteurs de la médecine humaine, vétérinaire et environnementale, est cruciale pour prévenir et contenir les maladies zoonotiques comme la mpox.

Plusieurs mesures sont essentielles pour renforcer la résilience face aux menaces zoonotiques en RDC et ailleurs :

  1. Améliorer la surveillance épidémiologique en renforçant les capacités des laboratoires et en assurant une meilleure coordination entre les services vétérinaires et de santé publique.
  2. Limiter le commerce et la consommation d’animaux sauvages, qui sont souvent des réservoirs de maladies émergentes.
  3. Renforcer les campagnes de vaccination, non seulement contre la mpox, mais aussi contre d’autres zoonoses telles que la rage et la fièvre de la Vallée du Rift.
  4. Investir dans la recherche sur les maladies émergentes pour identifier précocement les risques de transmission interespèces.
  5. Assurer un financement durable et indépendant, en développant des mécanismes de financement locaux et en réduisant la dépendance aux aides extérieures sujettes à des fluctuations politiques.

Un appel urgent à la mobilisation internationale

La RDC ne peut faire face seule à cette crise. La communauté internationale doit rapidement débloquer des fonds pour assurer la continuité de la riposte contre la mpox et les autres zoonoses émergentes.

Le gel des financements américains intervient dans un contexte où la surveillance des maladies infectieuses est déjà affaiblie par la réduction des investissements étrangers et la baisse des aides internationales. Cette situation expose non seulement l’Afrique, mais aussi le reste du monde à un risque accru de pandémies.

Sans une réponse coordonnée et un engagement financier durable, les épidémies zoonotiques continueront à émerger, affectant la santé humaine, la production animale et l’économie mondiale. Il est donc urgent d’adopter une vision globale et proactive, basée sur le principe « One Health », pour prévenir les crises sanitaires de demain.

About Author

Flora J. Ingah