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Et si les chauves-souris aidaient enfin à vaincre la rage en Afrique ?

Imaginez : protéger vos animaux de compagnie de la rage sans chasser ni empoisonner la faune sauvage. Cette idée, encore impensable il y a quelques années, devient réalité grâce à une innovation surprenante testée chez les chauves-souris vampires d’Amérique latine. Et si l’Afrique devenait la prochaine à en bénéficier ?

Une maladie qui décime nos troupeaux et pèse sur les familles

En Afrique, la rage cause plus de 21 000 décès humains chaque année et tue des milliers d’animaux d’élevage (bovins, ovins, caprins, porcs) — chiffres sous-estimés en raison d’une surveillance animale déficiente. Selon une étude en Éthiopie, les pertes associées à la rage bovine s’élèvent à 209millions de$ US par an. Pour un foyer rural, perdre un seul bœuf peut représenter une année de revenu, renforçant la vulnérabilité économique locale.

Les chauves‑souris, réservoirs silencieux mais bien réels

En plus des chiens, des lyssavirus apparentés à la rage circulent chez les chauves-souris frugivores et insectivores dans des pays comme le Ghana, la Tanzanie et l’Afrique du Sud. En Tanzanie, la surveillance a clairement montré un lien entre la dynamique des chauves-souris, la faune domestique et les foyers humains. Cette cohabitation croissante, amplifiée par la déforestation et le changement climatique, augmente les risques de transmission.

Un fardeau économique: les familles dabord, les communautés ensuite

Une analyse d’impact a révélé que la rage canine, prédominante en Afrique, représente un coût global de 584millions$ US par an, incluant pertes humaines et animalières, traitements et impacts socio-économiques. L’investissement dans la vaccination canine est jugé l’un des plus efficaces pour interrompre la transmission. Pourtant, moins de 20 % des chiens sont vaccinés dans certaines zones rurales de Tanzanie en raison de problèmes de financement et d’organisation logistique.

Un vaccin innovant testé sur des chauves‑souris vampires

Au Mexique, des chercheurs ont appliqué un vaccin recombinant (RCN‑MoG) sur le pelage de quelques chauves‑souris vampires. Le gel se répand ensuite naturellement au sein de la colonie via le toilettage mutuel. Résultat :

  • Les chauves‑souris vaccinées cessent d’excréter le virus, même si elles sont infectées — brisant la transmission au bétail .
  • Les campagnes d’empoisonnement étant inefficaces et destructrices pour la biodiversité, ce vaccin représente une alternative douce et écologique.

Défis scientifiques pour l’Afrique

Pour adapter cette stratégie au continent, divers aspects doivent être explorés :

  • Espèces ciblées : en Afrique, les chauves-souris insectivores/frugivores ne présentent pas forcément les mêmes comportements sociaux que les vampires d’Amérique.
  • Sécurité et efficacité du vaccin : il faudra veiller à l’absence d’effets indésirables pour les espèces locales, l’homme et le bétail.
  • Surveillance active : renforcer les programmes de surveillance, tant passive (analyse d’animaux malades/morts) qu’active (capture et test PCR/sérologie).

Recherche Afrique–Amérique latine: un pont entre continents

Des collaborations entre universités africaines, la FAO, l’OMS et des groupes américains permettent déjà de mieux comprendre les lyssavirus africains. L’identification de nouvelles souches en Afrique du Sud (PBLV, MBLV) montre la diversité virale à prendre en compte. Les retombées de ces échanges philanthropiques pourraient déboucher d’ici 1 à 3 ans sur des pilotes de vaccination décorpores en Afrique rurale, grâce au soutien du Réseau panafricain de lutte contre la rage (PARACON) .

Un accélérateur “One Health” pour l’Afrique rurale

Plutôt que d’opposer santé animale, santé humaine et biodiversité, cette approche incarne le concept “Une seule santé” : lutter simultanément contre la rage chez l’animal, protéger le bétail des éleveurs et préserver les écosystèmes. Les gains économiques sont au rendez-vous : baisse des pertes animales, diminution des coûts liés au PEP, renforcement du maillage des services vétérinaires dans les zones rurales.

L’Afrique peut jouer un rôle de pionnier

Poursuivre la recherche sur le vaccin RCN‑MoG adapté aux chauves‑souris, déployer des tests pilotes en milieu rural, initier des campagnes de sensibilisation auprès des éleveurs : telles sont les urgences pour transformer cette innovation en outil tangible de développement rural. Déjà, des ONG, des gouvernements et les communautés locales montrent un réel engouement autour de cette perspective de lutte durable contre la rage.

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Simon Yaya