
Dans une avancée majeure, les dirigeants africains se sont réunis lors du Sommet extraordinaire de l’UA à Kampala, en Ouganda, pour adopter la Déclaration de Kampala du PDDAA, fixant un programme ambitieux pour transformer les systèmes agroalimentaires du continent. Alignée sur la Déclaration de Malabo et les objectifs du Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA), cette déclaration met l’accent sur la sécurité alimentaire, la durabilité et la résilience face aux défis agricoles et alimentaires actuels.
Approche “Une seule santé” pour la sécurité alimentaire
Un des piliers centraux de la déclaration est le renforcement des normes sanitaires et phytosanitaires (SPS). Les dirigeants ont souligné le rôle crucial de la mise en œuvre des approches “Une seule santé” pour protéger la santé interdépendante des humains, des animaux, des plantes et de l’environnement. Cette approche intégrée vise à renforcer la sécurité alimentaire, à réduire les risques de maladies zoonotiques et à accroître la résilience des écosystèmes vitaux pour les systèmes alimentaires durables.
Le Bureau Interafricain des ressources animales de l’Union africaine (UA-BIRA), un bureau technique spécialisé de la Commission de l’Union africaine (CUA), qui releve directement de cette dernière par l’intermédiaire du Département de l’agriculture, de l’économie rurale, de la pêche et de l’environnement durable (ARBE) jouera un rôle clé dans le soutien à la mise en œuvre de ces approches, en apportant une expertise technique et en facilitant les actions régionales.
« Assurer la sécurité alimentaire et la santé environnementale n’est pas seulement une priorité, mais une nécessité à mesure que la population africaine continue de croître rapidement », a déclaré un représentant de l’UA lors du sommet. En priorisant les normes SPS, la déclaration envisage un continent mieux équipé pour protéger ses populations contre les crises sanitaires pouvant perturber les systèmes agroalimentaires.
Éradication de la PPR et lutte contre les maladies animales
La Déclaration de Kampala réaffirme également l’engagement à éradiquer la Peste des Petits Ruminants (PPR) d’ici 2030, une initiative cruciale pour l’Afrique où l’élevage constitue une source majeure de revenus et de sécurité alimentaire. L’élimination de la PPR permettra non seulement de réduire les pertes économiques causées par cette maladie, mais aussi de renforcer la résilience des communautés rurales fortement dépendantes du bétail. Pour atteindre cet objectif, la déclaration appelle à :
- Investir dans les systèmes de surveillance et de rapport des maladies pour détecter et gérer efficacement les épidémies.
- Renforcer les laboratoires vétérinaires afin de fournir des diagnostics rapides et précis.
- Augmenter la production de vaccins pour assurer une couverture adéquate dans les régions touchées.
- Améliorer la coopération sur les maladies animales transfrontalières, reconnaissant la nécessité d’une action régionale coordonnée face aux défis partagés.
L’UA-BIRA collabore activement avec les états membres pour renforcer les infrastructures vétérinaires et promouvoir les campagnes de vaccination, jouant un rôle crucial dans l’atteinte de cet objectif ambitieux. Comme l’a exprimé S.E. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, « La transformation de nos systèmes agroalimentaires doit être soutenue par des mécanismes régionaux solides pour garantir la durabilité et la résilience. »
Amélioration de la nutrition du bétail grâce aux aliments alternatifs
Reconnaissant les défis posés par le changement climatique et les contraintes en ressources, la déclaration met l’accent sur la priorité à donner à la recherche et au développement de variétés de cultures fourragères améliorées. En promouvant des sources d’alimentation alternatives, l’initiative cherche à améliorer la nutrition du bétail tout en réduisant la dépendance aux systèmes alimentaires traditionnels, de plus en plus sous pression en raison des facteurs environnementaux et économiques.
« Les solutions d’alimentation alternative sont essentielles pour soutenir la production animale face à la hausse des coûts des aliments et à la dégradation de l’environnement », a commenté un expert agricole présent au sommet. Cet effort s’inscrit dans les objectifs plus larges de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle des communautés à travers l’Afrique.
Renforcement des chaînes de valeur des pêcheries et de l’aquaculture
En plus de s’attaquer à l’agriculture terrestre, la Déclaration de Kampala met en lumière le potentiel inexploitable des secteurs des pêcheries et de l’aquaculture. Par exemple, des initiatives de gestion durable des pêcheries menées en Afrique de l’Ouest ont permis une augmentation notable des stocks de poissons, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et améliorant les revenus des communautés locales. Les dirigeants se sont engagés à :
- Renforcer les chaînes de valeur pour améliorer la productivité et l’accès au marché.
- Promouvoir des pratiques durables et des mesures de renforcement de la résilience.
- Mettre en œuvre une gestion efficace des ressources aquatiques pour garantir leur durabilité à long terme.
Ces mesures visent à ouvrir de nouvelles opportunités pour la croissance économique et la sécurité nutritionnelle, en particulier pour les communautés côtières et intérieures qui dépendent fortement des pêcheries pour leurs moyens de subsistance.
Une vision pour la résilience et la durabilité
La Déclaration de Kampala du PDDAA est un témoignage de l’ambition de l’Afrique de transformer ses systèmes agroalimentaires en moteurs de croissance, de durabilité et de résilience. En abordant des questions cruciales telles que la sécurité alimentaire, le contrôle des maladies, la nutrition du bétail et la gestion des ressources aquatiques, la déclaration pose les bases solides pour atteindre la sécurité alimentaire et améliorer les moyens de subsistance à travers le continent.
Alors que la mise en œuvre commence, l’attention sera portée sur la manière dont les gouvernements, les organismes régionaux et les parties prenantes traduiront ces engagements en actions concrètes. Parmi les étapes initiales prévues, figurent la création de plans nationaux d’investissement agroalimentaire, le renforcement des capacités des laboratoires vétérinaires régionaux et la mise en œuvre de projets pilotes pour des chaînes de valeur durables. Ces initiatives permettront de générer un élan pour des résultats tangibles et mesurables au profit des populations et des écosystèmes de l’Afrique. Comme le souligne S.E. Moussa Faki Mahamat, « Ce sommet marque un tournant décisif pour mobiliser des ressources et impulser une dynamique continentale autour de la transformation durable. »