
NAIROBI, KENYA — Le président kényan, William Ruto, a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur d’une campagne nationale de vaccination du bétail, un programme crucial pour le développement économique et la santé animale au Kenya. Malgré les réticences de certains éleveurs et agriculteurs, cette initiative, dirigée par le ministère de l’Agriculture et du Développement de l’élevage, vise à freiner la propagation de maladies animales, à améliorer la santé du cheptel et à garantir l’accès des produits d’élevage du pays aux marchés internationaux.
Cette position ferme intervient alors que des informations erronées circulent concernant le programme de vaccination. Certains critiques ont exprimé des préoccupations infondées sur la sécurité et l’efficacité des vaccins, avec des suspicions de motivations cachées derrière cette campagne.
Patrick Torome, éleveur dans la région de la vallée du Rift, a partagé ses inquiétudes : « Je ne vaccinerai pas mes animaux, car cela pourrait compromettre la qualité de mes vaches. Nous ignorons si quelqu’un tente d’introduire un virus chez les animaux. Les riches pourront peut-être se permettre le remède, mais les pauvres ne le pourront pas, ce qui entraînera davantage de pauvreté en Afrique. »
Lors d’une vente aux enchères de chèvres dans le comté de Baringo, le président Ruto a rejeté ces allégations et critiqué ceux qui s’opposent au programme : « Je promets au peuple kényan que nous mènerons à bien cette vaccination, car nos agriculteurs méritent des revenus améliorés. Je demande aux dirigeants sans connaissance, sans compréhension, sans plan, de nous épargner leur ignorance. »
Portée et objectifs de la campagne de vaccination
Le ministère de l’Agriculture et du Développement de l’élevage s’est fixé pour objectif de vacciner 22 millions de bovins et 50 millions de moutons et de chèvres à travers le pays. Le ministère assure aux éleveurs que les vaccins sont sûrs et produits localement. Cette campagne vise à lutter contre des maladies telles que l’anthrax, la fièvre aphteuse, la fièvre de la vallée du Rift, la peste porcine africaine et la peste bovine.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la vaccination animale est une mesure cruciale pour prévenir et contrôler ces maladies, protégeant ainsi la santé animale et humaine.
Défis de l’adoption et enjeux de communication
Malgré les assurances gouvernementales, la campagne de vaccination rencontre une résistance notable. À ce jour, seulement 10 % du cheptel a été vacciné, bien en deçà des 85 % nécessaires pour que les produits d’élevage kényans soient éligibles à l’exportation.
Certains agriculteurs et experts attribuent ce faible taux de vaccination à une communication gouvernementale insuffisante. Ils estiment que l’absence de messages clairs et cohérents a laissé place à la désinformation. De plus, le fait que des politiciens se substituent aux vétérinaires et aux experts a exacerbeé la méfiance parmi les éleveurs.
L’élevage : pilier de l’économie kényane
L’élevage joue un rôle central dans l’économie du Kenya, contribuant à hauteur de 40 % au PIB agricole et représentant la principale source de revenus pour environ 11 millions de personnes. Les récentes périodes de sécheresse prolongée ont aggravé les défis auxquels font face les éleveurs, entraînant des pertes considérables de bétail et menaçant les moyens de subsistance.
Le président Ruto a souligné que la vaccination était également essentielle pour l’accès des produits kényans aux marchés internationaux : « La vaccination est une question de contrôle des maladies. Vous ne pouvez pas utiliser la désinformation pour priver le peuple kényan des marchés internationaux. »
Perspectives et actions futures
Pour répondre aux défis actuels, le ministère de l’Agriculture s’engage à renforcer sa communication en fournissant des informations précises et en impliquant les communautés locales pour dissiper les craintes liées aux vaccins. Les experts appellent à une collaboration accrue entre vétérinaires, leaders locaux et décideurs politiques afin de rétablir la confiance et de garantir le succès de la campagne.
Alors que le débat se poursuit, l’administration Ruto reste déterminée à protéger le cheptel kényan et à sécuriser l’avenir économique des agriculteurs grâce à cette initiative essentielle de santé publique.