
Dans un contexte marqué par une forte dépendance aux importations de lait, le Sénégal intensifie ses efforts pour atteindre l’autosuffisance laitière. Cette stratégie combine des partenariats internationaux stratégiques et une valorisation des initiatives locales innovantes.
Un modèle inspirant : L’excellence ougandaise dans le secteur laitier
Avec une production annuelle de 3,5 milliards de litres de lait, l’Ouganda est un leader africain incontesté dans le domaine de l’élevage laitier. Cette réussite repose sur plusieurs facteurs clés qui inspirent le Sénégal dans sa quête de souveraineté alimentaire. Lors de la récente mission du Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage, Dr Mabouba Diagne, en Ouganda, une attention particulière a été accordée aux stratégies suivantes :
- Des infrastructures modernes et efficaces : L’Ouganda a investi dans des unités de transformation modernes capables de traiter de grandes quantités de lait, tout en assurant une qualité optimale.
- Un système coopératif performant : Les éleveurs ougandais travaillent en coopératives, ce qui leur permet de mutualiser leurs ressources, de réduire les coûts de production et de renforcer leur pouvoir de négociation.
- Adoption de technologies avancées : De la réfrigération mobile à l’automatisation de certaines tâches, les innovations technologiques ont augmenté l’efficacité de la production.
- Encouragement à une production durable : Le gouvernement ougandais soutient les éleveurs à travers des subventions et des formations, permettant une gestion écologique des ressources et une meilleure rentabilité.
Ce modèle offre des leçons précieuses pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne la coordination entre les éleveurs et les différents acteurs de la filière.
Le partenariat Ouganda-Sénégal : Des échanges constructifs
Lors de sa visite, Dr Mabouba Diagne a eu des discussions approfondies avec son homologue ougandais, Dr Bright, Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage. Les échanges ont mis en lumière les points suivants :
- Transferts de compétences et de savoir-faire : Le Sénégal bénéficie des meilleures pratiques ougandaises, notamment en matière d’organisation des coopératives.
- Renforcement de la formation technique : La formation des éleveurs et techniciens sénégalais s’inspirera directement des modèles ougandais.
- Accès aux marchés internationaux : L’expérience ougandaise dans l’exportation de produits laitiers peut aider le Sénégal à développer une filière compétitive.
La dynamique locale : Le modèle de Vélingara
Outre les partenariats internationaux, le projet de filière laitière paysanne à Vélingara constitue une source d’inspiration locale. Soutenue par Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), cette initiative a permis de :
- Mettre en place des mini-laiteries coopératives, gérées par des éleveurs locaux et permettant une collecte efficace.
- Diversifier les produits transformés, tels que le lait pasteurisé, le yaourt et le thiacry, qui sont vendus à des prix accessibles.
- Renforcer les revenus des éleveurs, grâce à une organisation efficace de la filière et un système de prix équitables.
Cependant, des défis persistent. En période d’hivernage, la capacité de transformation reste limitée, et la logistique doit être renforcée pour optimiser la distribution des produits.
Le chemin vers la souveraineté laitière
L’approche globale adoptée par le Sénégal repose sur deux piliers principaux :
- La coopération internationale, qui apporte des modèles à suivre et des solutions adaptables au contexte local.
- La consolidation des initiatives locales, comme celle de Vélingara, qui démontre l’efficacité d’une organisation centrée sur les besoins des éleveurs.
En conjuguant ces efforts, le Sénégal ambitionne de bâtir une filière laitière durable, résiliente et capable de satisfaire les besoins nationaux. Ce modèle pourrait même inspirer d’autres pays de la sous-région dans leur propre quête de souveraineté alimentaire.