Alors que la fièvre aphteuse continue de se propager dans plusieurs provinces sud-africaines, la situation devient critique dans celle du KwaZulu-Natal. À la veille d’une réunion d’urgence convoquée à Pretoria par le ministère national de l’Agriculture, l’Union agricole du KwaZulu-Natal (Kwanalu) tire la sonnette d’alarme : les petits éleveurs, très majoritaires dans la région, font face à des choix impossibles entre le respect des règles sanitaires et la survie de leurs familles.
Une épidémie persistante et une province à genoux
Avec près de 172 cas actifs sur les 249 recensés au niveau national, le KwaZulu-Natal est devenu l’épicentre sud-africain de la fièvre aphteuse. Cette épizootie touche de plein fouet les quelque 200 000 éleveurs de la région, dont la grande majorité possède de petits troupeaux, souvent uniques sources de revenus pour subvenir aux besoins de leurs foyers.
Depuis plus de quatre années, la province lutte contre cette maladie hautement contagieuse chez les animaux. Les zones de quarantaine mises en place autour de chaque nouveau foyer n’ont cessé de s’étendre, jusqu’à couvrir aujourd’hui près de 4,4 millions d’hectares, soit près de la moitié du territoire provincial. Ces restrictions ont progressivement été unifiées sous une zone de gestion de la fièvre aphteuse (DMA) à l’échelle du KwaZulu-Natal.
Entre légalité et survie : un dilemme insoutenable
L’une des principales conséquences de cette situation est l’interdiction stricte de mouvement de bétail hors de la DMA. Or, dans de nombreuses communautés rurales, la vente même d’un seul animal représente un filet de sécurité économique vital. Privés de toute alternative de revenu, les éleveurs sont contraints à l’illégalité pour survivre.
« Aucun agriculteur ne souhaite enfreindre les règles, mais certains n’ont tout simplement plus d’autre choix », explique Angus Williamson, vice-président de Kwanalu et président de l’Organisation des producteurs de viande rouge du KwaZulu-Natal.
La pression est telle que même les grandes exploitations commerciales sont menacées de fermeture, selon Sandy La Marque, directrice exécutive de Kwanalu. Les petits éleveurs, quant à eux, doivent arbitrer entre leur sécurité alimentaire et le respect de mesures sanitaires strictes.
Kwanalu plaide pour une déclaration d’état de catastrophe
Face à l’ampleur des pertes économiques et sociales, Kwanalu demande que la fièvre aphteuse soit déclarée “catastrophe naturelle” dans la province, ce qui permettrait de mobiliser rapidement des financements et des ressources exceptionnelles.
« Nous saluons les efforts de vaccination déployés par l’État, mais il est temps que les éleveurs de notre province puissent bénéficier de l’ensemble des aides prévues en cas de catastrophe », affirme Peter-John Hassard, président de Kwanalu.
L’Union agricole appelle également à :
- La délivrance de permis de mouvement sous supervision vétérinaire ;
- Le renforcement du soutien vétérinaire dans les zones rurales ;
- Une communication ciblée et traduite dans les langues locales sur les mesures sanitaires ;
- Et la mise en place de mécanismes de compensation financière pour les éleveurs affectés, quel que soit leur statut.
Une responsabilité partagée entre l’État et le secteur privé
La réunion d’urgence prévue à Pretoria réunira les autorités nationales, les experts en santé animale, les représentants des éleveurs et les acteurs du secteur privé. L’objectif : trouver des solutions concrètes pour endiguer l’épidémie et limiter ses conséquences économiques.
« Chaque maillon de la chaîne de valeur est affecté. Mais si nous unissons nos efforts – secteur commercial et communautaire, public et privé – nous pourrons contenir la propagation et protéger notre secteur de l’élevage », conclut Hassard.
Adapté d’African Farming, Juillet 2025.