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RCA — De la menace à la protection : une stratégie One Health pour contrer la fièvre de la Vallée du Rift

La République centrafricaine vient de valider sa première stratégie nationale de communication sur les risques sanitaires animaux et zoonotiques, avec un plan d’action dédié à la fièvre de la Vallée du Rift (FVR). Portée par le MESA (Ministère de l’Élevage et de la Santé animale) avec l’appui de la FAO (programme TCP), l’initiative vise à transformer chaque éleveur, chaque famille rurale et chaque leader communautaire en acteur de prévention et d’alerte.

En janvier 2025, des cas de FVR ont été signalés à Ngaoundaye (Lim-Pendé), à la frontière nord-ouest. La FAO a aussitôt activé une assistance d’urgence. Huit mois plus tard, le pays franchit une étape structurante : une stratégie de communication contextualisée, co-construite par 25 experts (vétérinaires, médecins, environnement, eaux-forêts, communication, société civile, leaders d’éleveurs) et adaptée aux réalités linguistiques et culturelles de la RCA.

« Nous avons enfin les outils pour parler le même langage que nos éleveurs. Cette stratégie traduit la science en messages simples et immédiatement applicables », résume Dr Ronald Kolega Gbognifon, Directeur général des Services vétérinaires (MESA).

L’essentiel de la stratégie (version praticiens)

  • Publics cibles : éleveurs, marchands de bétail, abatteurs, agents de santé, autorités locales, médias communautaires.
  • Paquet messages (simples, actionnables) : reconnaître tôt les signes animaux (avortements en série, mortalités néonatales, fièvre), ne pas manipuler des carcasses sans protection, déclarer vite aux services vétérinaires/ sanitaires.
  • Canaux & formats : radio locale et relais communautaires, formats visuels (affiches WhatsApp, fiches marchés, spots), langues locales prioritaires.
  • Rôle des médias : lutter contre les rumeurs (lait cru, viande d’animaux malades), relayer les consignes de biosécurité, couvrir les marchés à bétail et les points d’abattage avec des messages cohérents.
  • Gouvernance : comité One Health piloté par MESA, protocoles de notification rapides, calendrier de revues trimestrielles.
  • Suivi-évaluation : indicateurs de diffusion (couverture radio/affiches), d’appropriation (quiz terrain), et de performance (délais premier signal → investigation).

Ce que ça change pour la RCA

Avec un cheptel national important et 62 % de population rurale, l’économie vit au rythme de l’élevage (jusqu’à 15–20 % du PIB selon les zones). La FVR, inoffensive pour l’homme tant qu’on ne s’expose pas (piqûres de moustiques, manipulation de tissus infectés), peut déborder des animaux vers l’humain et gripper les marchés. Une communication de risque professionnalisée réduit le temps perdu entre signal, enquête, mesures correctives, et limite les pertes économiques.

Trois priorités terrain (30–90 jours)

  1. Marchés & abattage
    • Affichage « FVR : que faire ? », points d’eau traités, EPI de base (gants, tabliers), messages haut-parleurs les jours de foire.
  2. Alerte communautaire
    • Numéro/WhatsApp d’alerte unique, relais par chefs de village et radios locales, retour d’info sur chaque signalement (crédibilise le système).
  3. Paquet éleveurs
    • Kit visuel « 3 signes / 3 gestes » (avortements, mortalités jeunes, fièvre) → ne pas consommer, ne pas jeter à l’eau, prévenir immédiatement.

Pour les voisins (et l’Afrique centrale), un modèle réplicable

La validation à Bangui dépasse la gestion de l’épisode de 2025. C’est une capacité durable : une stratégie, des outils, des rôles clairs. Transposable aux couloirs transfrontaliers avec Cameroun, Tchad, Soudan du Sud, elle met l’accent sur :

  • messages harmonisés entre pays,
  • données partagées (signaux animaux/humains),
  • exercices conjoints marchés/points d’entrée (simulation « foire à risque »).

Ce que l’on surveille maintenant

  • Saison & moustiques : périodes de pluies = vigilance accrue.
  • Signalements d’avortements en grappes : priorité d’investigation.
  • Couverture médiatique : capacité des radios locales à pousser des messages convergents et répétés.

La RCA démontre qu’une communication de risque structurée est un outil de contrôle à part entière : visible, mesurable, moins coûteux que la crise. La prochaine marche : étendre ce modèle aux marchés transfrontaliers et institutionnaliser les exercices de simulation.

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Malick Kane