À Ngaoundéré, le cœur de l’Adamaoua bat désormais au rythme du lait. Le 9 septembre 2025, le ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA), Dr Taïga, a inauguré l’extension de l’usine de transformation laitière, portant sa capacité de 1 500 à 5 000 litres par jour. Ce bond quantitatif n’est pas seulement un succès local : il incarne la mise en œuvre concrète de la stratégie nationale d’import-substitution, qui vise à réduire la dépendance du pays à la poudre de lait importée et à valoriser le « Made in Cameroon ».

Un projet aligné sur la vision nationale
Cette inauguration s’inscrit dans l’Axe stratégique 2 du Plan d’action opérationnel d’import-substitution 2024 du MINEPIA, consacré au développement de la production laitière. Ce plan prévoit non seulement l’extension d’unités de transformation comme celle de Ngaoundéré, mais aussi un soutien intégré à l’amont : appui aux fermes commerciales, diffusion de géniteurs performants, amélioration de l’insémination artificielle, et mise en place de dispositifs modernes pour la collecte, le stockage et la distribution du lait.
Avec un investissement de plus d’un milliard de FCFA, dont 600 millions pour cette deuxième phase, l’État affirme son ambition de faire de l’Adamaoua un hub laitier et un moteur de la modernisation agro-industrielle nationale.
De la traite à la chaîne du froid : accompagner les éleveurs
Pour garantir un approvisionnement régulier et conforme aux normes, le MINEPIA a remis aux producteurs des équipements de traite industrielle. Cette dotation complète les actions prévues par le Plan 2024 : fourniture de matériels de transport et de conditionnement, structuration d’un réseau de chaîne du froid financé à hauteur de plus de 333 millions de FCFA, et appui à 575 producteurs pour la conservation et la distribution. L’objectif est clair : sécuriser la qualité du lait collecté et fluidifier la logistique de la filière.
Miser sur la génétique et l’alimentation
Le Cameroun mise aussi sur la génétique importée pour accroître la productivité. Entre 2020 et 2023, 495 vaches montbéliardes gestantes ont été introduites depuis la France, dans le cadre du Projet de développement de l’élevage (Prodel) financé par la Banque mondiale. Avec une capacité moyenne de 40 litres/jour, ces bovins sont réputés pour leur adaptation aux conditions climatiques locales et la qualité de leur lait.
Parallèlement, le Plan 2024 investit dans l’alimentation animale : construction d’infrastructures (magasin de stockage de foin, étable à Ngaoundéré, acquisition de broyeurs et de tracteurs pour les stations zootechniques), production de semences fourragères, et mise en place de forages pastoraux à énergie solaire pour sécuriser l’abreuvement du cheptel.

Une filière stratégique pour le « Made in Cameroon »
La montée en puissance de l’usine de Ngaoundéré symbolise une orientation nouvelle : transformer localement pour répondre à la demande nationale et réduire la facture des importations. Au-delà des infrastructures, c’est un écosystème complet qui se dessine : industriel, productif et logistique, où chaque maillon est renforcé pour bâtir une filière laitière moderne et compétitive.
À terme, cette dynamique pourrait faire du Cameroun non seulement un pays moins dépendant des importations, mais aussi un acteur laitier de référence en Afrique centrale. Pour les éleveurs, c’est la promesse de revenus plus stables ; pour l’État, c’est la concrétisation d’une stratégie de souveraineté alimentaire ; et pour le consommateur, c’est l’accès à un lait local de qualité, produit et transformé sur place.