Beni (RDC) – La Division provinciale de la pêche et de l’élevage du Nord-Kivu a lancé un appel pressant à la vigilance, ce mercredi 13 août 2025, à la suite de plusieurs signalements de mortalités inhabituelles chez les moutons et les chèvres dans la partie nord de la province.
Lors d’une communication publique tenue à Beni, le Dr Louange Kakule Ngitsi, médecin vétérinaire et chef de bureau en charge des abattoirs, a exposé devant les éleveurs et la communauté les mesures prioritaires pour contenir la propagation de maladies animales à fort potentiel épidémique.
« La surveillance et la prévention sont les piliers de la santé animale et de la sécurité alimentaire. Les zoonoses, maladies transmissibles de l’animal à l’homme, constituent un risque réel pour la santé publique et doivent être détectées et signalées rapidement », a-t-il rappelé.
Des signaux inquiétants dans plusieurs zones
Les alertes proviennent principalement de Beni-Ville, Beni-Territoire, Butembo et du territoire de Lubero. Sur le terrain, les agents communautaires de santé animale ont rapporté une mortalité anormale dans les élevages, associée à des symptômes tels que :
Forte fièvre persistante ;
Ulcérations dans la cavité buccale ;
Diarrhée sévère ;
Pneumonie entraînant la mort rapide des animaux.
Ces signes cliniques font suspecter la Peste des Petits Ruminants (PPR), maladie virale hautement contagieuse qui affecte exclusivement les moutons et les chèvres. En l’absence de vaccination, la PPR peut provoquer jusqu’à 80 % de pertes dans un troupeau, avec un impact direct sur les revenus des ménages et la disponibilité de protéines animales pour la population.
Une maladie sous surveillance internationale
La PPR figure parmi les maladies prioritaires de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et de la FAO, qui visent son éradication mondiale d’ici 2030. Elle se transmet par contact direct entre animaux infectés et sains, notamment via les sécrétions nasales, buccales et oculaires. Dans des zones à forte densité d’élevage et à mobilité animale importante comme le Nord-Kivu, le risque de propagation est amplifié, en particulier dans les zones frontalières.
Mesures préventives pour les éleveurs
Dans l’attente des résultats de laboratoire, la Division provinciale recommande aux éleveurs et à la population de :
Surveiller étroitement les troupeaux et noter tout comportement ou symptôme anormal ;
Informer immédiatement les agents vétérinaires ou les services techniques de tout cas suspect ou de décès ;
Éviter toute consommation de viande provenant d’animaux morts naturellement sans contrôle vétérinaire ;
Limiter les mouvements d’animaux entre troupeaux pour réduire le risque de transmission.
« Ces gestes simples mais essentiels peuvent sauver des élevages entiers et préserver le revenu des familles », a insisté le Dr Kakule.
Un enjeu économique et social crucial
Au Nord-Kivu, l’élevage de petits ruminants joue un rôle central dans la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et l’autonomisation des ménages ruraux, en particulier pour les femmes qui sont souvent impliquées dans la gestion des troupeaux. Une épidémie de PPR pourrait non seulement décimer les cheptels mais aussi fragiliser les marchés locaux, réduire l’accès à la viande et au lait, et accentuer la dépendance alimentaire dans une province déjà confrontée à des défis sécuritaires et humanitaires.
Mobilisation des acteurs vétérinaires
La Division provinciale de la pêche et de l’élevage assure que des échantillons ont été prélevés et envoyés pour analyses afin de confirmer le diagnostic. Les agents vétérinaires sont déployés dans les zones signalées pour :
Sensibiliser les éleveurs sur les mesures d’hygiène et de biosécurité ;
Suivre l’évolution clinique des cas ;
Identifier les zones à risque pour cibler les interventions prioritaires.
Le Dr Kakule a conclu en réaffirmant l’engagement des services vétérinaires :
« Nos équipes sont sur le terrain, dans vos quartiers et vos villages, pour accompagner les éleveurs. La lutte contre les maladies animales est une responsabilité collective. »
📌 À retenir :
Date de l’alerte : 13 août 2025
Zones concernées : Beni-Ville, Beni-Territoire, Butembo, Lubero
Maladie suspectée : Peste des Petits Ruminants (PPR)
Risque : pertes économiques majeures, menace pour la sécurité alimentaire
Objectif : prévention et limitation de la propagation avant confirmation en laboratoire
