Douala, 12 mars 2025 — Le Cameroun amorce un tournant stratégique dans la gouvernance de ses ressources halieutiques. Ce mardi, le Ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales, Dr TAÏGA, a officiellement lancé les travaux de l’atelier national d’élaboration du Plan de gestion de la pêche industrielle et artisanale de crevettes, au cœur de la capitale économique, Douala.
Ce rendez-vous majeur, organisé avec le soutien de l’Union Européenne et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), marque la volonté du gouvernement camerounais de restructurer une filière porteuse, longtemps négligée, dans une vision durable, inclusive et économiquement viable.

Un pilier méconnu de l’économie nationale
La pêche et l’aquaculture représentent un secteur vital mais encore sous-exploité au Cameroun. Elles contribuent à environ 3 % du PIB agricole et fournissent des moyens de subsistance à plus de 200 000 personnes, selon les estimations officielles. Au-delà de leur importance économique, ces activités jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté, en particulier dans les régions côtières et les zones riveraines.
La crevette, produit hautement valorisé à l’exportation, en est un symbole fort. Autrefois fleuron de l’économie halieutique camerounaise, la crevette a vu sa production décliner au fil des ans, du fait de la surexploitation, du manque de contrôle des pratiques de pêche, de l’inefficacité des mécanismes de régulation et de l’absence d’un cadre de gestion structuré.
Un Plan national pour restaurer une filière stratégique
Face à ce constat, l’élaboration d’un Plan de gestion de la pêche crevettière vise à poser les fondements d’une nouvelle gouvernance fondée sur :
- Une exploitation durable des stocks et la préservation des écosystèmes marins,
- Le renforcement des capacités des pêcheurs artisans, des transformateurs, notamment les femmes,
- L’amélioration des infrastructures portuaires, de conservation et de transformation,
- La traçabilité et la certification sanitaire, pour regagner les marchés internationaux,
- Et une meilleure articulation entre pêche artisanale et industrielle, afin d’éviter les conflits d’usage.
Dans son allocution, le ministre TAÏGA a insisté sur la nécessité d’une gestion intégrée et participative du secteur, et appelé tous les acteurs à une collaboration franche. « La relance de la filière crevettière est un pas décisif vers la modernisation de notre secteur halieutique dans son ensemble. Elle doit être un modèle pour la pêche et l’aquaculture camerounaises », a-t-il déclaré, dans un discours prononcé en français et en anglais.
Une forte mobilisation nationale et internationale
Les travaux ont vu la participation active de l’Union Européenne, représentée par M. Raymond LASTATE, chef de programme, et de la FAO, par la voix du Dr OUATTARA, Représentant par intérim au Cameroun. Les représentants de l’administration, des ONG, des chercheurs, des acteurs de la société civile, des professionnels de la pêche et de la Plateforme nationale de la crevette, étaient également présents en grand nombre, témoignant de l’intérêt collectif pour la revitalisation du secteur.
Ce large engagement traduit une prise de conscience partagée de l’urgence de réformes ambitieuses pour que la pêche — et plus largement l’aquaculture — devienne un levier puissant de développement local, de création d’emplois et de souveraineté alimentaire.

Vers une vision intégrée de l’économie bleue
Au-delà de la seule filière crevettière, l’État camerounais réaffirme ainsi sa volonté de déployer une stratégie globale de développement de l’économie bleue, en lien avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) et les orientations de l’agenda 2063 de l’Union Africaine.
Le Plan de gestion en cours d’élaboration s’inscrit dans cette dynamique. Il devra proposer des mécanismes robustes de suivi, d’évaluation, et d’adaptation des politiques, tout en favorisant l’inclusion des jeunes, des femmes et des communautés locales.
Une conclusion tournée vers l’action
« Nous devons transformer les défis en opportunités, pour que la mer et les eaux continentales deviennent des moteurs de prospérité durable pour le Cameroun », a conclu le ministre, tout en formulant le vœu que les travaux de l’atelier aboutissent à des recommandations concrètes, applicables et soutenues dans le temps.
Avec cette impulsion politique forte, le Cameroun semble désormais prêt à repositionner la pêche et l’aquaculture au cœur de son développement économique, environnemental et social