Le week-end dernier, le Gabon a franchi une étape majeure dans sa stratégie de souveraineté alimentaire. Un cheptel de 1 001 zébus, en provenance du Brésil, a été réceptionné au port d’Owendo par le Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, avant d’être transféré au Ranch de la Ngounié à Ndéndé, dans le sud du pays. Ce projet, inscrit dans le cadre du programme national de relance des filières d’élevage bovin, vise à renforcer la production locale de viande, réduire la dépendance alimentaire du Gabon et contribuer au développement économique de l’Afrique centrale.
Une initiative structurante pour l’agriculture nationale
L’accueil des zébus marque le début d’une transformation ambitieuse du secteur agro-pastoral gabonais. Le Ranch de la Ngounié, autrefois connu sous le nom de SOGADEL, a fait l’objet de travaux intensifs depuis mai 2024. Plus de 700 hectares de pâturages ont été aménagés, et des infrastructures modernes, incluant des logements pour les fermiers et des installations de gestion du bétail, sont en cours de construction.
Les jeunes exploitants joueront un rôle central dans ce projet. Chaque fermier recevra 50 hectares pour développer une exploitation agro-pastorale, avec un appui financier initial pour faciliter leur intégration. En retour, ces exploitants rembourseront progressivement les bêtes mises à leur disposition, créant un modèle de développement durable et inclusif.
L’importance stratégique de l’élevage pour le Gabon et l’Afrique centrale
L’élevage représente un pilier essentiel pour la sécurité alimentaire en Afrique centrale, une région confrontée à des défis croissants liés à l’insécurité alimentaire, aux changements climatiques et à la forte croissance démographique. Le Gabon, malgré son potentiel agricole, importe près de 80 % de ses denrées alimentaires, avec une facture annuelle dépassant 500 milliards de francs CFA. Cette dépendance alimentaire, amplifiée par la volatilité des prix mondiaux, constitue une menace pour la stabilité économique et sociale.
Avec cette initiative, le Gabon s’inscrit dans une dynamique régionale visant à réduire la dépendance vis-à-vis des importations et à stimuler les échanges intra-africains. Le projet AGROPAG, dont fait partie cette relance de l’élevage bovin, pourrait également servir de modèle pour les autres pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), qui ambitionnent d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Un partenariat stratégique avec le Brésil
Pour garantir la réussite de cette opération, le Gabon s’est appuyé sur l’expertise reconnue du Brésil dans le domaine de l’élevage. En mars 2024, des accords de coopération ont été signés avec les autorités brésiliennes et l’Institut Daniel Franco. Ces partenariats prévoient le transfert de semences bovines améliorées et la formation de techniciens gabonais. Une quarantaine d’ingénieurs et techniciens ont déjà bénéficié d’une formation au Brésil, renforçant leurs compétences en gestion du bétail et en développement d’infrastructures agro-pastorales.
Un impact économique et social prometteur
Les premières productions de viande issues de ce cheptel sont attendues dans six à huit mois. À terme, l’objectif est de doubler rapidement l’effectif des zébus importés et de créer un réseau local de production et de distribution de viande. Ce projet permettra également de générer des emplois à divers niveaux, allant des techniciens aux vétérinaires, tout en renforçant la résilience des communautés rurales.
« Ce projet constitue une avancée majeure pour notre économie. Il nous permettra non seulement de lutter contre la vie chère, mais aussi de créer une dynamique de croissance inclusive en associant les jeunes exploitants, les ingénieurs et les techniciens », a déclaré Raymond Ndong Sima.
Un levier pour l’intégration régionale et la souveraineté alimentaire
L’élevage, en tant que levier économique et social, joue un rôle stratégique dans le développement de l’Afrique centrale. En favorisant l’autosuffisance alimentaire, le Gabon contribue à réduire les tensions sur les importations et à améliorer la résilience régionale face aux crises alimentaires. De plus, ce type de projet renforce les liens entre les pays de la sous-région, qui pourraient collaborer pour développer un marché commun de produits agro-pastoraux.
Le Gabon, grâce à ce projet novateur, se positionne comme un acteur clé dans la transformation du secteur agro-pastoral en Afrique centrale, ouvrant la voie à une ère d’autosuffisance alimentaire et de prospérité durable pour toute la région.
