A propos

AfricaVet est le portail de la medecine vétérinaire en Afrique. Créer en 2010 pour …

Contactez-nous

 

Phone

+221 000 000 000

 

Address

Dakar, ……,
Yaoundé, Biyem-assi

Tchad–UA-BIRA : préserver les ânes, protéger les familles rurales

N’Djamena, 8 octobre 2025 — Le Ministre de l’Élevage et de la Production animale, Pr Abderahim Awat Atteib, a reçu une mission de plaidoyer du Bureau Interafricain des Ressources Animales de l’Union africaine (UA-BIRA) conduite par Dr Camille Nguekeng. Objectif : associer le Tchad à la 6ᵉ session du Comité technique spécialisé de l’Union africaine (Addis-Abeba, 20–24 octobre 2025) pour porter, au plus haut niveau, la protection des espèces asines sur le continent.

Au terme de l’audience, le Ministre a réitéré l’engagement du Gouvernement en faveur des politiques, stratégies et projets relatifs aux ressources animales. Cette rencontre inscrit la préservation des ânes dans une démarche plus large de sécurité alimentaire, de résilience climatique et de développement rural. L’UA-BIRA entend mobiliser une coalition d’États, d’agences techniques et de partenaires pour coordonner les réponses, harmoniser les règles et financer des actions concrètes au bénéfice des communautés.

L’importance des ânes pour l’Afrique est trop souvent sous-estimée alors qu’elle est décisive. Dans les zones arides et semi-arides, l’âne est le premier maillon logistique des ménages : il transporte l’eau et les denrées, désenclave les villages, relie les producteurs aux marchés et allège la charge de travail des femmes et des jeunes. En période de crise — sécheresse, hausse des prix, pertes de récolte — il constitue un amortisseur économique : un animal de trait fonctionnel peut maintenir l’accès aux revenus, préserver la scolarité des enfants et sécuriser l’alimentation du foyer. À l’échelle environnementale, l’âne offre une mobilité à faible empreinte, complémentaire d’autres moyens de transport et adaptée aux terrains difficiles.

Cette valeur socio-économique est cependant fragilisée par plusieurs menaces : vols et abattages non réglementés, commerce transfrontalier illicite des peaux, blessures évitables par harnachement inadapté, accès insuffisant aux soins vétérinaires et à la maréchalerie, sans oublier le déficit de données sur les populations asines. La revendication portée à la 6ᵉ CTS est claire : un cadre continental qui protège les ânes, structure la surveillance, régule les flux et soutient des services de proximité pour leur bien-être.

Concrètement, les attentes pour Addis-Abeba portent sur trois leviers. D’abord, l’alignement réglementaire entre États membres pour contrôler les mouvements, sanctionner les chaînes illicites et intégrer le bien-être des équidés de travail dans les normes nationales. Ensuite, la mise en place d’un système partagé d’information (recensement, mortalité, flux, points d’abattage) afin d’éclairer les décisions et de déclencher des alertes précoces. Enfin, le financement d’actions communautaires — campagnes de sensibilisation, kits de soins et de harnachement sans blessure, journées mobile-vet et formations de maréchalerie — qui améliorent immédiatement la santé et la productivité des animaux.

« Protéger les ânes, c’est protéger les familles rurales : chaque animal en bonne santé fait gagner du temps, des revenus et de la dignité aux ménages », rappelle l’angle éditorial d’AfricaVET. Dans cette perspective, la participation du Tchad à la 6ᵉ CTS peut transformer un plaidoyer en feuille de route : objectifs mesurables sur 12–24 mois, enveloppes dédiées, tableaux de bord publics et un dispositif de redevabilité partagé entre ministères, collectivités et partenaires.

L’enjeu dépasse la seule filière asine : il touche à la mobilité du quotidien, à la place des femmes dans l’économie rurale, à la pérennité des marchés locaux et, in fine, à la capacité des territoires à résister aux chocs. Donner à l’âne la place qu’il mérite dans les politiques publiques, c’est investir dans un capital social et productif qui relie les foyers à l’eau, aux soins, à l’école et aux débouchés économiques. C’est aussi ancrer la sécurité alimentaire dans des solutions réalistes, adaptées au terrain, et immédiatement utiles aux communautés.

About Author

Malick Kane