La récente visite du Premier ministre sénégalais en Mauritanie a abouti à un accord de principe visant à renforcer la coopération halieutique entre les deux nations. Ce partenariat s’inscrit dans un contexte où la pêche joue un rôle économique et social essentiel pour les deux pays.
Un Secteur vital pour les deux Nations
Au Sénégal, le secteur de la pêche représente environ 3 % du produit intérieur brut (PIB) et emploie près de 600 000 personnes, directement et indirectement. La consommation de poisson constitue une source majeure de protéines animales pour les Sénégalais, avec une moyenne de 29 kg par habitant et par an. Cette demande soutenue pousse le pays à dépendre en grande partie des importations de produits de la pêche, notamment en provenance de la Mauritanie.
De son côté, la Mauritanie tire environ un tiers de ses recettes d’exportation du secteur de la pêche, faisant de cette activité un pilier économique stratégique. Les eaux mauritaniennes, riches en poissons pélagiques et en espèces d’intérêt commercial, attirent chaque année des flottes de différents pays, dont le Sénégal.
Les Termes de l’accord
La ministre sénégalaise de la Pêche, Dr Fatou Diouf, a annoncé un accord préliminaire avec la Mauritanie visant à augmenter les quotas de pêche accordés aux pêcheurs sénégalais. Ce protocole, conclu pour une durée d’un an renouvelable, autorise jusqu’à 500 embarcations sénégalaises à pêcher dans les eaux mauritaniennes. La limite est fixée à 50 000 tonnes de poissons pélagiques, excluant certaines espèces telles que le mulet jaune et la courbine. De plus, 6 % des captures devront être débarquées en Mauritanie, afin d’approvisionner le marché local.
En contrepartie, le Sénégal s’engage à fournir des alevins en quantité suffisante pour l’empoissonnement des eaux continentales mauritaniennes, notamment dans le lac de Foum Gleita. Quatre formateurs en pisciculture seront également mis à disposition pour renforcer les capacités techniques du secteur de la pêche en Mauritanie.
Engagements mutuels et gestion durable
Les deux pays ont convenu de collaborer étroitement dans plusieurs domaines clés, parmi lesquels :
- Recherche scientifique : Mener des études conjointes pour une gestion durable des ressources halieutiques.
- Certification sanitaire : Renforcer les normes sanitaires des produits de la pêche destinés à l’exportation.
- Transformation artisanale : Valoriser les produits locaux pour soutenir les communautés de pêcheurs.
- Cogestion des pêcheries : Promouvoir une gestion partagée et durable des ressources communes.
- Aquaculture et pêche continentale : Diversifier les activités économiques dans les zones rurales.
- Affaires maritimes : Assurer la sécurité et le respect des règles maritimes.
Un accent particulier a été mis sur le respect des zones de pêche autorisées ainsi que sur l’obligation de débarquement des captures, afin de renforcer la traçabilité et d’encourager le développement local.
Coopération autour de la Plateforme GTA
Les discussions ont également porté sur la délimitation d’une zone de sécurité autour de la plateforme Grande Tortue Ahmeyim (GTA), un projet pétrogazier stratégique pour les deux pays. La validation de cet accord marque une étape clé vers une exploitation commune et sécurisée de ces ressources naturelles.
Renforcement des liens économiques
Dans le cadre de cette visite officielle, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et sa délégation ont visité le port minéralier de Nouadhibou ainsi qu’une usine de traitement des produits de la pêche. Ces visites témoignent de la volonté commune de renforcer les relations économiques et de développer des projets conjoints bénéfiques pour les deux nations.
Ce nouvel accord s’inscrit dans une dynamique régionale de coopération accrue, confirmant l’engagement du Sénégal et de la Mauritanie à travailler ensemble pour le développement économique et la gestion durable de leurs ressources naturelles.