
REMBAU (MALAISIE) — À l’heure où la Malaisie affronte les défis croissants de l’insécurité alimentaire, du changement climatique et de la dépendance aux importations, une race caprine indigène longtemps négligée pourrait faire toute la différence : la chèvre Katjang, aussi connue sous le nom de « kacang ».
Une race locale discrète mais robuste
Petite, rustique et dotée d’une résistance naturelle aux maladies, la Katjang est la seule race de chèvre originaire de Malaisie. Bien adaptée aux conditions tropicales humides du pays, elle survit là où d’autres races importées échouent.
Pourtant, cette race est aujourd’hui en danger d’extinction, menacée par des croisements non contrôlés avec des races exotiques plus productives.
« La Katjang n’est pas très grande ni très charnue, alors les éleveurs ne la privilégient pas », explique Kamaruzaman Budin, éleveur vétéran de 67 ans.
« Mais c’est une race robuste, résistante aux maladies, et facile à élever. »
Un enjeu génétique national
Selon le MARDI (Institut malaisien de recherche et développement agricole), le patrimoine génétique de la Katjang est en péril. Faute de programme d’élevage structuré, la race a été diluée, parfois consanguine, et de plus en plus rare.
Des chercheurs sillonnent désormais les zones rurales pour identifier les derniers spécimens « purs », prélever leur ADN et tenter de préserver cette ressource génétique précieuse.
« Ce que nous essayons de faire, c’est de créer un équilibre : un animal plus grand, mais toujours localement résilient. Pour cela, nous avons besoin de Katjang purs », explique Dr Ainu Husna Suhaimi, responsable des technologies de reproduction au MARDI.
Vers un “Boer malaisianisé”
L’objectif est clair : développer un croisement local entre la Katjang et des races importées comme la Boer, pour produire un animal plus gros, plus rentable, mais toujours résistant aux conditions locales.
Un biobanque de semences a été constituée, et des techniques de reproduction assistée sont utilisées en complément des méthodes naturelles.
Une ressource sous-estimée
Alors que la consommation de viande de chèvre progresse (1,4 kg/hab. en 2023), la production locale ne couvre que 8,7 % des besoins. Les importations de chèvres et de moutons coûtent des centaines de millions de ringgits chaque année.
Pour les experts, c’est une erreur de continuer à sous-estimer la Katjang.
« Ce n’est peut-être pas la plus rentable, mais c’est la plus adaptée. Et face aux chocs climatiques ou sanitaires, c’est ce qui fera la différence », conclut Kamal, éleveur passionné.
En bref : pourquoi la chèvre Katjang mérite l’attention
- ✅ Résistante aux maladies et aux parasites
- ✅ Adaptée au climat tropical humide
- ❗ En danger d’extinction faute de gestion génétique
- 🔁 Potentiel pour des croisements plus durables
- 🇲🇾 Clé possible pour la souveraineté alimentaire malaisienne