
La Kenya Veterinary Association (KVA) a lancé un appel solennel au gouvernement pour interdire totalement l’abattage des ânes destinés au commerce des peaux. Cette pratique, alimentée par une forte demande internationale, a provoqué une chute dramatique du cheptel : entre 2016 et 2019, la population d’ânes au Kenya a diminué de près de 40 %.
Pour les vétérinaires, la question dépasse le cadre sanitaire : elle concerne aussi le bien-être animal, la justice sociale et la sécurité économique des communautés rurales.
🐴 Les ânes, piliers de la vie rurale
Dans les zones arides et semi-arides, les ânes jouent un rôle vital. Ils assurent le transport de l’eau, du bois et des denrées alimentaires, devenant la « colonne vertébrale » silencieuse de l’économie familiale. Leur disparition entraîne :
- une augmentation du travail des femmes et des enfants, contraints de parcourir de longues distances à pied ;
- une perte de revenus pour les ménages qui dépendent du transport par ânes ;
- une fragilisation de la résilience communautaire face aux crises climatiques et économiques.
Un commerce destructeur
Ce marché est principalement alimenté par la demande internationale de gélatine d’âne, connue sous le nom d’ejiao, très prisée en Asie. Si quelques intermédiaires en tirent profit, les coûts sociaux et économiques pour les familles rurales sont immenses : vols d’ânes, tensions sociales et perte de moyens de subsistance.
La position ferme des vétérinaires
La KVA a adopté une motion claire en trois points :
- Protéger le bien-être animal : stopper des pratiques d’abattage souvent cruelles et non conformes.
- Préserver l’économie rurale : garantir aux familles un accès durable à ce moyen de transport vital.
- Sauvegarder l’identité culturelle : les ânes sont profondément enracinés dans les traditions et modes de vie kenyans.
« Un foyer sans âne est un foyer fragilisé. Ces animaux sont la clé de la survie quotidienne dans de nombreuses régions », a déclaré un membre de la KVA.
Une question africaine
Le problème n’est pas propre au Kenya. Dans d’autres pays africains (Éthiopie, Niger, Burkina Faso), la filière des peaux d’ânes a provoqué des crises similaires. Plusieurs gouvernements ont déjà pris des mesures restrictives.
La décision attendue du Kenya pourrait renforcer une dynamique continentale et envoyer un signal fort : protéger les ânes, c’est protéger les communautés rurales africaines.
L’appel de la KVA dépasse la seule sphère vétérinaire. Il interpelle l’ensemble des décideurs africains sur le choix à faire entre un commerce lucratif à court terme et la préservation durable d’un animal vital pour les populations les plus vulnérables.
👉 Pour l’Afrique, la protection des ânes n’est pas seulement une question de bien-être animal, mais un enjeu de sécurité alimentaire, sociale et culturelle.