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Éthiopie : l’hybridation des bovins, moteur d’une révolution agricole silencieuse

Addis-Abeba — L’Éthiopie, géant agricole de la Corne de l’Afrique, mise désormais sur la science et l’innovation pour transformer son élevage. En première ligne, l’Institut de développement de l’élevage (LDI) a fait le pari de l’hybridation des bovins pour booster la production de lait et de viande dans un pays où l’agriculture reste la pierre angulaire de l’économie.

L’élevage, pilier économique mais faible productivité

Avec plus de 156 millions de têtes de bétail, l’Éthiopie détient le plus grand cheptel de ruminants du continent. L’élevage représente près de 40 % du PIB agricole, emploie la majorité de la population rurale et constitue le socle de la sécurité alimentaire nationale. Pourtant, la productivité demeure très faible : une vache locale ne produit en moyenne qu’1,5 litre de lait par jour, selon les données officielles – un chiffre confirmé par le directeur général du LDI, Dr Asrat Tera, lors d’une récente cérémonie de remise de diplômes à Addis-Abeba.

L’hybridation, une solution pour nourrir une nation

Face à ce constat, le gouvernement éthiopien et le LDI accélèrent l’introduction de races bovines hybrides. Leurs performances sont spectaculaires : jusqu’à 15 litres de lait par jour pour une vache hybride, soit dix fois plus que la moyenne locale. Outre le lait, la qualité de la viande s’améliore aussi, ouvrant de nouveaux débouchés pour la filière.

Le LDI a formé pas moins de 543 techniciens en insémination artificielle sur le dernier exercice, preuve d’une mobilisation nationale inédite. Résultat : 3,3 millions de bovins ont été hybridés en moins d’un an, et l’objectif affiché est de franchir la barre des 4,9 millions d’ici le prochain Nouvel An éthiopien.

Sécurité alimentaire, compétitivité et ambition régionale

La démarche s’inscrit dans le programme gouvernemental « Abondance du panier » (« Yelemat Trufat »), censé accélérer la transition vers une agriculture moderne, compétitive et durable. Car l’enjeu va bien au-delà du secteur laitier : il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire d’un pays où près de 30 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté et qui subit de plein fouet les aléas climatiques, notamment la sécheresse.

Le secteur agricole emploie 78 % de la population et représente 37 % du PIB. Mais la fragmentation des terres, la faiblesse des intrants et la pression démographique pèsent lourdement sur la productivité et la résilience du système agricole181120_fichepays_ethiop….

Perspectives et défis

L’hybridation n’est pas sans défis. L’accès aux ressources fourragères reste limité, les infrastructures laitières sont encore embryonnaires et la transformation agroalimentaire balbutie (moins de 5 % du PIB). Mais l’essor rapide de l’horticulture et des industries de transformation, dopés par des investissements publics importants (14 % du budget national dédié à l’agriculture), laisse entrevoir une révolution silencieuse au cœur des campagnes éthiopiennes.

L’objectif affiché du gouvernement est de faire de l’Éthiopie un pays à revenu intermédiaire d’ici 2025. L’hybridation des bovins, en dopant la productivité laitière et la qualité de la viande, pourrait s’avérer un levier clé pour y parvenir, à condition d’accompagner cette mutation par un soutien accru aux petits producteurs, un renforcement des services vétérinaires et la promotion de filières locales résilientes.

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Flora J. Ingah