Dakar, 16 mai 2025 – Imaginez une salle de classe où l’on apprend à opérer, à assister une mise-bas ou à faire un diagnostic… sans toucher un seul animal vivant. Pas de cris, pas de stress, mais des mannequins réalistes, des gestes répétés, corrigés, peaufinés jusqu’à devenir naturels. C’est exactement ce que propose aujourd’hui l’École Inter-États des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) de Dakar, pionnière d’une nouvelle manière d’enseigner la médecine vétérinaire en Afrique.
Du 12 au 16 mai 2025, j’ai eu la chance de participer à une formation intense et passionnante sur l’usage des mannequins en salle de simulation. Pendant cinq jours, vétérinaires, enseignants et experts se sont retrouvés pour explorer un univers pédagogique encore peu connu sous nos latitudes, mais plein de promesses.

Quand apprendre ne rime plus avec faire souffrir
Pendant longtemps, apprendre à soigner un animal passait forcément par la pratique sur des sujets vivants. Une étape parfois nécessaire, souvent inconfortable, toujours délicate. Aujourd’hui, grâce à la simulation, il est possible d’apprendre, de se tromper, de recommencer… sans causer le moindre mal.
À l’EISMV, des mannequins reproduisent fidèlement l’anatomie d’un chien, d’une vache ou d’une chèvre. Ils permettent d’apprendre à poser une sonde, réaliser une césarienne ou gérer une situation d’urgence, comme si on y était.
« C’est bluffant. On a l’impression de travailler sur un vrai patient, et pourtant, on est dans un cadre totalement sécurisé. On progresse à notre rythme, sans pression, et surtout sans risque. », partage un collègue vétérinaire, les yeux brillants d’enthousiasme.
Une pédagogie qui place l’étudiant au cœur de l’apprentissage
Ce qui m’a le plus marqué ? La liberté d’essayer. Dans cette salle de simulation, il n’y a pas de peur de rater, pas de regard jugeant. On apprend ensemble, on partage ses erreurs, et on avance. L’ambiance est studieuse, mais bienveillante. On sent que l’objectif est vraiment d’apprendre en profondeur, pas juste de réussir un examen.
Pour les formateurs aussi, cette méthode change tout. Ils peuvent observer, guider, corriger sans le stress du temps limité ou la peur de blesser un animal. L’enseignement devient plus interactif, plus précis, plus humain.
« On sent qu’un vrai changement est en marche. Et c’est l’EISMV qui en est le moteur. » disait un des encadreurs en fin de formation.
Former autrement, former mieux
L’introduction de la simulation dans l’enseignement vétérinaire à l’EISMV est bien plus qu’une nouveauté technique. C’est une révolution pédagogique, une façon de répondre à plusieurs enjeux à la fois : mieux former les futurs praticiens, respecter les principes du bien-être animal, et préparer des professionnels capables de faire face aux défis d’aujourd’hui.
Dans un contexte africain où les maladies animales et zoonotiques sont de plus en plus surveillées, il est essentiel de former des vétérinaires compétents, confiants et bien préparés. Et cette formation, elle commence ici, dans ces salles de simulation, au cœur de Dakar.
Un modèle pour le continent
L’initiative de l’EISMV, soutenue par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), ne passe pas inaperçue. Plusieurs écoles vétérinaires du continent s’y intéressent déjà. Car au-delà de l’équipement, c’est toute une vision de la formation vétérinaire qui est en train de changer.
En quittant la salle à la fin de la formation, j’ai ressenti une certitude : l’avenir de notre métier passe par ce type d’innovations. Plus respectueuses, plus efficaces, plus humaines.