
Nairobi, 11 juin 2025 – Alors que les sécheresses s’intensifient et que les systèmes d’élevage traditionnels sont mis à rude épreuve, l’Afrique réaffirme son ambition d’adapter ses pratiques face au changement climatique. Au cœur de cette transformation : les camélidés. L’AU-IBAR, organe spécialisé de l’Union africaine, se distingue comme acteur-clé de cette mutation, en orchestrant la stratégie continentale pour un élevage résilient et durable.
Durant le Forum régional sur l’Année internationale des camélidés et la transformation durable de l’élevage, organisé du 10 au 12 juin 2025 à Nairobi par la FAO et l’Union africaine, chercheurs, décideurs et communautés pastorales se sont rassemblés pour penser l’avenir de l’élevage africain à l’aune de l’urgence climatique.
Les camélidés, nouveaux champions de l’élevage africain
Présents à près de 84 % en Afrique, les camélidés (principalement les dromadaires) sont devenus une alternative incontournable dans les zones arides et semi-arides, où l’eau se raréfie et les pâturages déclinent. À titre d’exemple, le Kenya, frappé par une sécheresse historique, a vu plus de 80 % de son cheptel bovin disparaître entre 2020 et 2023. En réponse, les éleveurs se tournent massivement vers le dromadaire, une espèce endurante, peu exigeante et hautement productive en lait et en viande.
Aujourd’hui, près de 4 millions de chameaux sont recensés au Kenya, et la demande explose jusque dans les grandes villes comme Nairobi, où le lait de chamelle atteint 20 000 litres par jour en centre-ville.
L’AU-IBAR à la manœuvre d’une stratégie continentale
À Nairobi, l’AU-IBAR a occupé une place de premier plan. Représentant la Commission de l’Union africaine, la Dr Huyam Salih, directrice de l’AU-IBAR, a ouvert les débats en rappelant que « les camélidés sont au cœur des solutions africaines pour bâtir des systèmes alimentaires durables, renforcer les moyens de subsistance et répondre aux défis climatiques. »
L’organisation a présenté ses initiatives phares, notamment la Stratégie pour le développement de l’élevage en Afrique (LiDeSA), qui vise à moderniser les politiques nationales, stimuler les investissements, et intégrer les chaînes de valeur camelidées dans les plans de développement.
Dans une série de panels dirigés par Mary Mbole-Kariuki, experte de l’AU-IBAR, les discussions ont mis en lumière les bienfaits nutritionnels du lait de chamelle, les perspectives économiques des chaînes de valeur camelidées et les leviers de résilience communautaire en période de stress climatique.
Politiques, santé animale et sécurité alimentaire
L’AU-IBAR a également dirigé les échanges sur les politiques d’élevage, la santé animale, l’intégration des approches One Health, et la gouvernance des ressources naturelles. L’objectif : aligner les stratégies nationales et régionales pour faire du chameau un pilier des politiques de sécurité alimentaire et de développement rural.
Un accent particulier a été mis sur l’encouragement de l’investissement privé et public dans les filières camelidées, ainsi que sur l’importance de reconnaître et valoriser les savoirs traditionnels des communautés éleveuses.
Et après ? Vers la COP30 et le Sommet africain pour le climat
Les conclusions du Forum seront intégrées dans les prochaines grandes rencontres continentales et mondiales, notamment la COP30 et le Sommet africain pour le climat. L’AU-IBAR, par sa coordination technique et politique, s’impose déjà comme l’un des principaux architectes du virage camelidé en Afrique.