Le 13 janvier 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une alerte sanitaire internationale après avoir identifié une flambée suspectée de la maladie à virus Marburg dans la région de Kagera, au nord-ouest de la Tanzanie. Cette annonce, transmise aux États membres et aux parties prenantes du Règlement sanitaire international (RSI) via la plateforme sécurisée en ligne Event Information Site (EIS), marque un nouveau défi sanitaire pour la communauté mondiale.
Avec déjà neuf cas recensés, dont huit décès, les autorités sanitaires sont en état d’alerte maximale. Cette situation met en lumière une fois de plus la menace que représentent les maladies émergentes dans des contextes aux infrastructures sanitaires souvent limitées.
La maladie à virus Marburg : un ennemi redoutable
La maladie à virus Marburg est une fièvre hémorragique rare mais extrêmement virulente, causée par un filovirus appartenant à la même famille que celui de l’Ebola. Identifiée pour la première fois en 1967 lors de deux flambées simultanées en Allemagne et en Serbie, cette maladie est caractérisée par des taux de létalité extrêmement élevés, pouvant atteindre 88 %.
Les symptômes incluent une fièvre élevée, des douleurs musculaires, des vomissements, des diarrhées sévères et, dans de nombreux cas, des hémorragies internes et externes. La transmission se fait par contact direct avec les fluides corporels d’une personne infectée ou avec des surfaces contaminées. À l’heure actuelle, aucun traitement spécifique n’est disponible, bien que les soins de soutien, notamment la réhydratation et le traitement des symptômes, augmentent les chances de survie.
Une réponse rapide et coordonnée de l’OMS
Face à cette menace, l’OMS a immédiatement mobilisé ses équipes pour soutenir le gouvernement tanzanien dans sa réponse à l’épidémie. Dans son communiqué officiel, l’organisation a rappelé l’importance d’une action rapide pour limiter la propagation et sauver des vies.
« La rapidité d’action sauve des vies, notamment en garantissant que les personnes présentant des symptômes reçoivent des soins rapidement. Nous devons continuer à travailler ensemble pour minimiser les impacts des épidémies telles que celle de la maladie à virus Marburg », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
L’organisation a déjà déployé des experts en santé publique dans la région affectée pour aider à surveiller les cas, isoler les patients et former les agents de santé locaux aux protocoles de contrôle des infections.
En parallèle, l’OMS appelle les pays voisins de la Tanzanie à rester vigilants et à renforcer leur capacité à détecter et gérer rapidement d’éventuels cas importés. Toutefois, l’organisation ne recommande pas, à ce stade, l’imposition de restrictions aux voyages ou au commerce avec la Tanzanie.
Un défi pour les systèmes de santé africains
Cette nouvelle flambée met une fois de plus en évidence les faiblesses structurelles des systèmes de santé dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne. En Tanzanie, comme dans plusieurs autres pays de la région, les infrastructures sanitaires sont souvent insuffisantes pour répondre à des épidémies de cette ampleur.
Cependant, des progrès ont été réalisés ces dernières années grâce à des initiatives internationales. En 2023, l’OMS a lancé le Réseau international de surveillance des agents pathogènes (IPSN) pour améliorer la détection précoce et la réponse aux menaces infectieuses. Par ailleurs, le projet PRET (Preparedness and Resilience for Emerging Threats) de l’OMS, également lancé en 2023, vise à guider les pays dans la planification et la gestion des pandémies, en tirant les leçons des crises sanitaires récentes, comme celle de la COVID-19.
Une solidarité internationale indispensable
La flambée en Tanzanie intervient à un moment où la communauté internationale discute activement de la nécessité d’un traité mondial sur les pandémies. Ce traité, dont la finalisation est attendue en mai 2025, vise à renforcer la coopération internationale en matière de santé publique et à éviter les lacunes observées lors de crises précédentes.
L’épidémie actuelle de la maladie à virus Marburg rappelle l’importance cruciale de cette solidarité. Elle met également en lumière la nécessité de renforcer les capacités nationales et régionales pour faire face aux menaces sanitaires émergentes.
Comme l’a souligné l’OMS dans son communiqué :
« Nous sommes face à une situation qui nécessite une coordination étroite entre les autorités sanitaires locales, les gouvernements et les organisations internationales. Chaque minute compte, et seule une réponse rapide et bien organisée permettra de contenir cette épidémie. »
La flambée suspectée de la maladie à virus Marburg en Tanzanie représente une menace grave, mais également une opportunité pour la communauté internationale de démontrer son engagement envers la santé mondiale. À travers des actions concertées, la Tanzanie et ses partenaires peuvent non seulement contenir cette épidémie, mais aussi renforcer durablement leurs capacités de réponse aux crises sanitaires futures.
Alors que les regards sont tournés vers la région de Kagera, cette crise rappelle une leçon essentielle : dans un monde globalisé, les menaces sanitaires locales ont des implications internationales. La solidarité, la préparation et la vigilance restent les piliers d’une réponse efficace à ces défis complexes.
