Abidjan, Côte d’Ivoire – L’événement qui s’est tenu du 23 au 25 juin 2025 restera comme un moment charnière dans la lutte contre la Peste des Petits Ruminants (PPR) en Afrique de l’Ouest. Pendant trois jours, la capitale ivoirienne a vibré au rythme de discussions stratégiques, de témoignages inspirants et d’engagements renouvelés, sous la bannière d’une cause partagée : éradiquer la PPR d’ici 2030, pour bâtir une Afrique plus résiliente et prospère.
La PPR, bien plus qu’un enjeu vétérinaire
La PPR, qui décime moutons et chèvres et fragilise les moyens de subsistance de millions de familles rurales, est aujourd’hui reconnue comme un défi global : sécuriser l’alimentation, lutter contre la pauvreté, protéger les femmes, les jeunes et les communautés pastorales. La Directrice de l’AU-IBAR l’a rappelé avec force : « La PPR est un défi de dignité, d’équité et de sécurité alimentaire pour tout le continent. L’éradication de cette maladie sera le symbole d’une Afrique qui protège et qui innove. »
Une mobilisation régionale inédite
Sous l’égide de l’AU-IBAR, de la FAO, de la Banque mondiale et de l’Union européenne, l’atelier a réuni , vétérinaires, représentants des communautés, experts, bailleurs et secteur privé de toute la région Mano River (Côte d’Ivoire, Guinée, Liberia, Sierra Leone, Nigeria). Des avancées concrètes ont été saluées : adoption d’outils d’évaluation (PMAT), mise à jour des plans stratégiques nationaux, campagnes régionales de vaccination coordonnées et implication croissante des éleveurs.
Mais les participants ont aussi pointé du doigt les obstacles persistants : frontières poreuses, insécurité, mouvements incontrôlés de troupeaux, manque de ressources et parfois, des cadres institutionnels peu adaptés.
Place aux communautés et au secteur privé : une nouvelle ère pour l’élevage africain
Le message de l’atelier est clair : l’avenir de la lutte contre la PPR repose sur la force des communautés locales, l’innovation sociale et la capacité du secteur privé à investir dans la santé animale. Il s’agit de passer d’une approche descendante à une dynamique inclusive et participative : agents de santé communautaires formés, digitalisation de la surveillance, implication active des femmes et des jeunes, et développement de partenariats public-privé pour la production et la distribution de vaccins ou de services vétérinaires.
Changer d’échelle, changer de modèle
À Abidjan, il a aussi été acté que la santé animale doit désormais être intégrée aux politiques agricoles, à la planification des investissements et au développement rural. Les gouvernements sont appelés à financer au moins 30 % des plans nationaux PPR et à créer un environnement favorable à l’innovation et à la co-investissement du privé. Les partenaires techniques et financiers sont invités à soutenir des mécanismes nouveaux, agiles et alignés sur les priorités africaines, comme l’a montré l’engagement fort de l’Union européenne, de la BAD, du FIDA ou de la Banque mondiale.
Une feuille de route ambitieuse, mais réaliste
- Mobiliser les ministres africains et les bailleurs lors d’un sommet panafricain dédié à la PPR en 2026, sous l’égide de la BAD.
- Systématiser les actions transfrontalières : vaccination, surveillance, échange d’informations, recherche collaborative, formation.
- Renforcer la participation citoyenne : intégrer la société civile, les organisations de producteurs et les jeunes dans toutes les étapes de la lutte.
- Promouvoir la transparence, l’évaluation et la redevabilité, pour une gouvernance efficace et inclusive des ressources mobilisées.
Un espoir collectif, un avenir à construire
La Directrice de l’AU-IBAR a lancé un vibrant appel : « C’est en conjuguant nos efforts, en misant sur la jeunesse, les femmes, l’innovation, la responsabilité et l’unité que nous vaincrons la PPR. Nous quittons Abidjan plus unis, plus ambitieux et plus responsables. »
D’Abidjan s’élève une promesse : celle d’une Afrique de l’Ouest où l’élevage devient un pilier de prospérité, de justice et d’innovation, et où la PPR ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir.