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De l’Extinction à la Renaissance : L’Oryx Algazelle Reconquiert le Sahara

En mars 2016, le Tchad a ouvert ses portes à 25 oryx algazelles une espèce déclarée « éteinte à l’état sauvage » et aujourd’hui, près de 600 oryx galopent en liberté dans la réserve de Ouadi Rimé-Ouadi Achim. Ce retour spectaculaire, qui a permis à l’espèce d’être officiellement reclassée de « éteinte » à « en danger » par l’UICN en 2023, offre bien plus qu’une simple victoire symbolique : il représente un espoir concret face à l’avancée du désert.

Une Ingénierie de la Nature

L’oryx algazelle n’est pas une antilope ordinaire. C’est un chef-d’œuvre de l’évolution, conçu pour l’un des environnements les plus hostiles de la planète. Avec ses cornes en forme de cimeterre pouvant atteindre 1,5 mètre et sa robe d’un blanc pur capable de réfléchir la chaleur saharienne, elle possède des facultés biologiques stupéfiantes.

Grâce à un système d’hyperthermie adaptative, l’oryx peut laisser sa température corporelle monter jusqu’à 46 °C sans transpirer, conservant ainsi chaque goutte d’eau. Capable de rester des mois sans boire, l’animal puise son hydratation dans les melons amers sauvages et les herbes aromatiques du Sahel. Mais cette résilience naturelle n’a pas suffi face à la modernité : l’arrivée des armes automatiques et des véhicules 4×4 au XXe siècle avait décimé des populations qui comptaient autrefois un million d’individus.

Le “Tinder” de la Conservation

Le salut de l’espèce est venu d’un réseau improbable de zoos et d’institutions mondiales, du Texas à l’Angleterre. Au parc de Marwell Wildlife en Angleterre, des scientifiques gèrent ce qu’ils appellent avec humour un « Tinder pour antilopes ».

Ce registre généalogique mondial (le stud-book) permet de :

  • Éviter la consanguinité en orchestrant des échanges d’animaux entre continents.
  • Préserver la diversité génétique nécessaire à la survie en milieu sauvage.
  • Maintenir une “police d’assurance” contre l’extinction totale.

Aujourd’hui, ce ne sont plus 50 individus captifs, mais plus de 3 000 qui constituent le réservoir génétique de l’espèce à travers le monde.

Un Allié Contre la Désertification

Pourquoi dépenser autant d’énergie pour une antilope ? La réponse est écologique. Le Sahara s’étend de 7 600 km² chaque année. En réintroduisant l’oryx, les écologistes réactivent un moteur essentiel de l’écosystème.

« Les graines d’acacia mangées et excrétées par l’oryx ont 250 fois plus de chances de germer », expliquent les experts.

En migrant sur des centaines de kilomètres, l’oryx disperse les semences et fertilise les sols, favorisant la repousse de la végétation là où le surpâturage du bétail a laissé la terre à nu. Elle est l’architecte silencieux qui aide à fixer les dunes et à freiner l’érosion.

Le Défi Humain : L’Ultime Frontière

Si la science a réussi la première phase de l’élevage et la réintroduction, le succès à long terme ne dépend plus des vétérinaires, mais de la géopolitique et des communautés locales. Comme le souligne John Newby, figure historique de ce projet, la réintroduction n’est que « la partie émergée de l’iceberg ».

Le véritable test réside dans la capacité des populations sahéliennes à intégrer cette faune sauvage dans leur économie. Pour que l’oryx algazelle survive au XXIe siècle, elle doit avoir plus de valeur vivante que morte. Cela implique de lutter contre le braconnage tout en gérant les ressources en eau et les pâturages de manière durable, dans un contexte de changement climatique sévère.

L’histoire de l’oryx algazelle prouve que l’extinction n’est pas toujours une fatalité. Mais elle nous rappelle aussi que protéger une espèce, c’est avant tout protéger l’immense et fragile équilibre qui nous lie à la terre.

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Mac Juliette Johngwe