Le 27 novembre 2025, l’AU-IBAR a tenu, en format virtuel, la troisième Réunion de coordination de haut niveau (AHCM) autour d’un thème structurant : transformer les ressources animales africaines grâce à des chaînes de valeur intégrées et des partenariats stratégiques.
À la clé : une clarification des priorités, un cadrage programmatique plus ambitieux (IRLVC), et un message direct aux États membres et partenaires : la transformation ne se fera plus “projet par projet”, mais via des programmes continentaux pilotés par l’investissement, la donnée et l’alignement politique.
Une plateforme pour réduire la fragmentation et accélérer l’alignement
Dans son rationnel, l’AU-IBAR rappelle que la réunion s’inscrit dans la continuité des éditions précédentes, avec un accent renouvelé sur la planification harmonisée, l’éviction des duplications et la convergence opérationnelle entre États membres, CER (RECs) et partenaires techniques et financiers.
Sur le plan institutionnel, l’AU-IBAR se positionne comme bureau technique spécialisé de la Commission de l’UA, avec un mandat élargi couvrant élevage, pêche, aquaculture et faune, et une logique d’action fondée sur la subsidiarité avec les CER.
IRLVC : la chaîne de valeur comme “infrastructure politique” de la transformation
Cœur de la réunion, le programme transformateur IRLVC (Integrated Regional Livestock Value Chains) a été présenté comme une initiative multi-pays / multi-CER visant à catalyser investissement, commerce intra-africain, sécurité alimentaire et inclusion économique, en s’appuyant sur des cadres continentaux et sur l’héritage de Live2Africa.
Des chaînes “d’entrée” déjà identifiées par région
Les priorités régionales retenues comme points d’entrée sont explicites :
- Lait / filière laitière : EAC et UMA
- Viande de volaille : ECOWAS
- Œufs : ECCAS
- Viandes rouges et cuir : SADC, IGAD et COMESAProceedings of the Third AU-IBA…
Un changement de méthode : 5 piliers, gouvernance continentale et “bankabilité”
Le document de proceedings insiste sur une architecture à plusieurs étages : mécanisme de gouvernance continental, unité de gestion de programme à l’AU-IBAR, et déploiement REC/États autour de piliers tels que l’harmonisation des politiques, la décision fondée sur les données, les centres d’excellence, le leadership de connaissances et la facilitation d’investissements.Proceedings of the Third AU-IBA…
L’orientation est nette : passer de l’aide ponctuelle à des portefeuilles d’investissements “bankables”, avec un rôle accru du secteur privé et des banques de développement.
À ce titre, Live2Africa illustre la trajectoire : programme financé par l’Union européenne, prolongé jusqu’en 2023, conçu précisément pour renforcer les capacités systémiques et investir dans les chaînes de valeur régionales prioritaires.
Pêche et aquaculture : centres d’excellence, politiques alignées et bataille de la donnée
La deuxième séquence a consolidé les acquis des programmes phares (FishGov II, biodiversité aquatique, mise en œuvre de la stratégie d’économie bleue) et a surtout remis au centre un levier transversal : la donnée harmonisée pour piloter la réforme et l’investissement.
Des résultats déjà visibles, et des besoins clairement listés
Le rapport mentionne notamment :
- 17 États membres ayant aligné leurs politiques sur le cadre PFRS, et des appuis supplémentaires programmés ;
- l’opérationnalisation de huit Centres d’excellence en pêche et aquaculture (aliments, alevins, qualité de l’eau, biodiversité, etc.) ;
- sept propositions de mobilisation de ressources, dont la bio-sécurité, la santé des animaux aquatiques, et l’opérationnalisation d’AFADATA.Proceedings of the Third AU-IBA…
Côté “internet”, AFADATA est bien présenté comme une base continentale portée par AU-IBAR et AUDA-NEPAD, soutenue par l’UE, destinée à centraliser et améliorer la collecte/analyse/diffusion des données sur pêche et aquaculture.
PPR : une Phase 2 à 50 M€… et le test de l’engagement politique
Troisième volet stratégique : l’éradication de la PPR, avec un positionnement clair de l’AU-IBAR sur la transition vers la Phase 2.
Ce que dit la réunion
Le document rappelle :
- une Phase 1 financée par l’UE à 8 M€ ;
- la préparation d’une Phase 2 via un action document à 50 M€ ;
- une faiblesse critique : seulement 16 pays sur 55 auraient soumis les lettres d’affirmation requises ;
- des avancées sur la standardisation vaccinale (AU-PANVAC) pour faciliter l’enregistrement et soutenir la fabrication locale.Proceedings of the Third AU-IBA…Proceedings of the Third AU-IBA…
Ce que l’on observe déjà dans la séquence post-AHCM : la donnée comme accélérateur (ARIS-3)
Quelques jours autour de cette période, l’AU-IBAR a communiqué sur le lancement/renforcement d’ARIS-3 (nouvelle génération du système d’information), via une formation régionale à Ouagadougou (25–28 novembre 2025) rassemblant des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ainsi que des partenaires (FAO, OMSA, CER).
L’AU-IBAR présente ARIS comme une plateforme centralisée d’accès aux données, bonnes pratiques et connaissances pour la gestion des ressources animales.
Dans la logique AHCM, le message est cohérent : sans reporting robuste, la coordination continentale (y compris PPR) ne “tient” pas, et les investissements deviennent difficiles à piloter.
Les recommandations : un cap 2026, une redevabilité 2026–2027
Le rapport se conclut sur des recommandations opérationnelles : finaliser le design IRLVC avec les inputs des CER et États membres, accélérer la transformation pêche/aquaculture (chaîne du froid, intrants, santé animale aquatique), et sécuriser l’engagement politique et financier pour la PPR Phase 2, tout en renforçant les modèles de financement “blended”.
L’AU-IBAR annonce également la circulation des drafts affinés début 2026 et une quatrième réunion de coordination en novembre 2026 pour revue des progrès.

