
À Dakar, l’École Inter-États des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) a accueilli, début juillet, une réunion de haut niveau avec l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), le CORAF et le Laboratoire National d’Élevage et de Recherches Vétérinaires (LNERV). Objectif : bâtir un partenariat régional d’envergure pour révolutionner les systèmes d’élevage, la recherche scientifique et la formation des vétérinaires sur le continent.
Un contexte marqué par de nouveaux défis
Face aux mutations rapides que connaît l’élevage en Afrique – changements climatiques, émergence de nouvelles maladies, besoin de valoriser les productions animales – les institutions de référence n’ont d’autre choix que d’unir leurs forces.
« L’Afrique doit inventer ses propres solutions pour un élevage durable et compétitif. Ce partenariat marque une étape majeure pour y parvenir », souligne le Pr Yalacé Yamba Kaboré, Directeur général de l’EISMV, à l’ouverture de cette réunion stratégique.
Une alliance pour plus de synergies et d’impact
Les discussions ont permis de définir une feuille de route commune autour de plusieurs axes prioritaires :
- Création d’un comité scientifique régional : Ce comité ad hoc, animé par le CORAF, associera des experts issus de divers pays pour piloter des recherches transversales, harmoniser les pratiques et favoriser l’innovation dans le secteur.
- Plaidoyer et mobilisation de ressources : En lien avec le Conseil National du Secteur Élevage au Niger et l’INRAN, les partenaires porteront un plaidoyer commun pour sensibiliser les décideurs politiques et attirer de nouveaux financements auprès des bailleurs régionaux et internationaux (BAD, BID, Banque mondiale…).
- Lancement de projets structurants : L’élaboration de concept notes et la co-construction de projets permettront de renforcer la sécurité alimentaire, la santé animale et la compétitivité des filières d’élevage africaines.
- Montage collaboratif de laboratoires et unités de recherche : Les institutions s’engagent à mutualiser leurs infrastructures et expertises, ouvrant la voie à des plateformes régionales de recherche appliquée au service des éleveurs, des vétérinaires et des étudiants.
- Réflexion sur la formation vétérinaire : Dans un contexte de prolifération d’écoles vétérinaires dans la région, les partenaires souhaitent accompagner une spécialisation plus harmonieuse et adaptée aux réalités locales, évitant les doublons et garantissant l’excellence.
Une vision partagée pour la souveraineté scientifique africaine
Pour Pr Moustapha Gueye, Directeur général de l’ISRA, cette démarche est « indispensable pour positionner la recherche africaine à l’avant-garde de l’innovation, répondre aux enjeux du terrain et influencer les politiques publiques ».
De son côté, Dr Moumini Sawadogo, Secrétaire exécutif du CORAF, insiste : « Nous devons bâtir des réseaux solides, favoriser le partage de connaissances et rendre nos filières plus résilientes face aux crises sanitaires et économiques. »
Le Dr Assane Gueye Fall (LNERV) met, lui, l’accent sur l’impact pour la jeunesse : « Nos étudiants doivent bénéficier d’une formation connectée à la recherche de pointe et aux besoins réels du continent. »
Vers une nouvelle ère pour l’élevage africain
Au-delà des discours, la volonté de mutualiser les moyens et de bâtir des synergies concrètes transparaît dans l’agenda défini : projets pilotes, laboratoires conjoints, échanges d’experts, plaidoyer régional, appui à la création de centres d’excellence…
Ce partenariat ouvre aussi des perspectives pour l’autonomisation des éleveurs, la valorisation des innovations locales, la prévention des maladies animales transfrontalières et la montée en compétences des jeunes vétérinaires africains.
Une étape décisive pour l’Afrique
À travers cette alliance, l’EISMV, l’ISRA, le CORAF et le LNERV ambitionnent de devenir un pôle de référence au service de la sécurité alimentaire, de la santé animale et de l’intégration régionale.
« En conjuguant nos efforts, nous pouvons bâtir un élevage africain résilient, innovant et durable », résume le Pr Kaboré.