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Tanzanie : une campagne d’envergure historique pour vacciner et tracer son cheptel — un tournant stratégique pour l’élevage africain

La Tanzanie a lancé ce qui s’annonce comme l’une des opérations les plus ambitieuses jamais menées sur le continent africain en matière de santé animale. Avec un budget colossal de 69,2 milliards de shillings tanzaniens — soit près de 27 millions de dollars — le pays s’engage dans une campagne nationale de vaccination et d’identification du bétail qui vise à protéger des millions d’animaux contre des maladies dévastatrices, tout en mettant la filière élevage à l’ère du numérique.

La cérémonie de lancement, organisée à Bariadi dans la région de Simiyu, a rassemblé les plus hautes autorités du pays, dont la Présidente Samia Suluhu Hassan, soulignant à quel point cette initiative est une priorité nationale stratégique, porteuse d’enjeux économiques, sanitaires et sociaux majeurs.

Avec plus de 39 millions de bovins, 28 millions de chèvres, près de 10 millions de moutons, et un cheptel aviaire dépassant les 108 millions de volailles, sans oublier les quelque 4 millions de porcs, la Tanzanie détient l’un des plus grands patrimoines zootechniques d’Afrique. Ce trésor animal est cependant fragilisé par la circulation persistante de maladies endémiques et transfrontalières telles que la péripneumonie contagieuse bovine (CBPP), la peste des petits ruminants (PPR) et les infections aviaires — véritables boulets économiques qui hypothèquent la productivité et coupent le pays des marchés internationaux.

Pour contrer ces fléaux, la campagne s’attaque frontalement à cinq maladies prioritaires, ciblant une vaccination de masse : 19 millions de bovins pour la CBPP, 17 millions de petits ruminants contre la PPR, ainsi que 40 millions de volailles contre la maladie de Newcastle, la fowlpox et la grippe aviaire. L’objectif ambitieux est clair : vacciner au minimum 70% de la population animale concernée chaque année, une couverture nécessaire pour espérer endiguer la propagation et renforcer la résilience du cheptel.

Cette campagne marque un pas décisif en introduisant une technologie de pointe : tous les animaux vaccinés seront équipés d’étiquettes auriculaires électroniques. Ce dispositif de traçabilité numérique révolutionne la gestion sanitaire du bétail, permettant un suivi individualisé et une meilleure transparence vis-à-vis des partenaires commerciaux internationaux. Ce niveau de contrôle et de conformité répond aux exigences rigoureuses de la WOAH et de l’OMC, clés d’accès aux marchés mondiaux exigeants.

La force de cette opération repose aussi sur un capital humain renouvelé et mobilisé. Plus de 3 540 jeunes vétérinaires diplômés, jusqu’ici sans emploi, ont été engagés temporairement. Munis de tablettes numériques et de motos, ils arpentent les zones rurales, souvent difficiles d’accès, pour vacciner, collecter et transmettre les données en temps réel, assurant ainsi une couverture complète et une supervision rigoureuse du programme.

Le budget déployé ne se limite pas aux vaccins, il englobe également les investissements dans les outils technologiques, la formation continue des agents, le renforcement des infrastructures vétérinaires, et la coordination logistique à l’échelle nationale. C’est l’expression d’une volonté politique forte, qui considère la santé animale non plus comme un coût, mais comme un investissement stratégique à fort levier pour l’économie et la sécurité alimentaire.

Cette campagne s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale Tanzanienne pour le Développement de l’Élevage 2025–2029, qui trace la feuille de route pour un élevage durable, productif et compétitif. Plus largement, elle s’intègre dans le vaste chantier continental du Programme d’Éradication Panafricain de la PPR piloté par l’AU-IBAR, qui vise l’élimination totale de la PPR d’ici 2030, tout en renforçant la gouvernance et les capacités vétérinaires à travers toute l’Afrique.

Le Ministre Dr Ashatu Kijaji a lancé un appel solennel aux éleveurs, insistant sur la nécessité d’une adhésion totale à la campagne en amenant leurs troupeaux aux centres de vaccination dans les délais impartis. Selon elle, cette opération constitue une opportunité historique d’améliorer la santé animale, de booster la productivité et de faciliter l’accès à des marchés internationaux jusqu’ici peu accessibles en raison des contraintes sanitaires.

Les retombées attendues sont d’envergure : hausse tangible de la production animale, sécurité alimentaire renforcée, facilitation des exportations, création d’emplois et consolidation d’un secteur vétérinaire dynamique. La Tanzanie fait ainsi figure de pionnière en Afrique, donnant le ton pour une filière élevage intégrée, moderne et orientée vers la durabilité économique et sanitaire.

En résumé, cette campagne nationale n’est pas seulement un acte sanitaire, c’est une véritable transformation structurelle portée par la convergence des innovations technologiques, d’une mobilisation humaine renouvelée et d’une stratégie politique volontariste. La Tanzanie affirme sa volonté d’être un modèle de modernité et d’excellence dans le secteur de l’élevage africain, tout en contribuant à la sécurité alimentaire continentale et au développement économique durable.

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Flora J. Ingah