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Le Burkina Faso veut devenir un champion de l’exportation de viande en Afrique de l’Ouest

Le Burkina Faso, pays d’élevage par excellence en Afrique de l’Ouest, entend tourner une page de son histoire agricole. Longtemps axé sur l’exportation d’animaux sur pied, le pays ambitionne désormais de se positionner comme un exportateur majeur de viande transformée sur les marchés régionaux et internationaux. Une stratégie mûrement réfléchie qui s’incarne à travers la création de l’Agence Faso Abattoir (AFA), adoptée par décret en Conseil des ministres le 8 avril dernier.

Du bétail sur pied à la viande à forte valeur ajoutée

Chaque année, le Burkina Faso exporte des centaines de milliers de bovins, ovins et caprins, principalement vers la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore le Bénin. En 2005, plus de 769 000 bovins ont quitté les exploitations burkinabè, mais seuls 0,01 % d’entre eux l’ont été sous forme de carcasses​Viande. Cette réalité économique, où l’essentiel de la valeur ajoutée est capté à l’extérieur, a poussé les autorités à revoir leur modèle.

« Nous voulons désormais exporter de la viande transformée au Burkina Faso, et non plus seulement des animaux vivants », souligne un communiqué officiel.

Pour y parvenir, le pays mise sur une transformation en profondeur de sa filière bétail-viande.

L’Agence Faso Abattoir : une pierre angulaire de la modernisation

L’AFA, nouvelle entité publique nationale, aura pour mission de professionnaliser la gestion des abattoirs, de moderniser les infrastructures et de déployer une logistique intégrée, allant de l’approvisionnement en bétail jusqu’à la distribution de produits carnés conformes aux normes sanitaires internationales.

Un premier chantier est déjà lancé : la construction d’un abattoir moderne à Ziniaré, pour un investissement de 2,3 millions de dollars, témoigne de la volonté politique de donner un coup d’accélérateur à la filière.

Un potentiel considérable, encore sous-exploité

Le cheptel burkinabè est estimé à plus de 35 millions de têtes, dont environ 7,6 millions de bovins, 7,1 millions d’ovins et 10,6 millions de caprins​Viande_Burkina faso. Mais malgré ce capital animalier impressionnant, la transformation locale reste marginale : la grande majorité de la viande consommée dans le pays ne passe même pas par des abattages contrôlés, et seuls 7 % des exportations animales concernent la viande transformée, selon les données de 2007.

Pourtant, les marchés régionaux offrent un débouché immense : la seule Côte d’Ivoire affiche un besoin annuel de 52 000 tonnes de viande importée, soit l’équivalent de plus de 470 000 bovins, selon le Plan d’action pour le secteur de l’élevage (PAPISE)​.

Un impact mesuré : +13 % de valeur ajoutée pour la filière

Une étude d’impact menée dans le cadre du projet de Société de Promotion de la Filière Bétail-Viande (SPFBV) montre que l’exportation de viande, comparée à l’exportation de bétail sur pied, permettrait d’accroître de 13,4 % la valeur ajoutée globale du secteur et d’augmenter de 42 % les revenus avant impôt pour les éleveurs et transformateurs​.

Par ailleurs, le développement de la transformation locale générerait des milliers d’emplois supplémentaires dans l’embouche, l’abattage, la logistique, et la distribution, tout en stimulant l’industrialisation rurale.

Un pari économique et politique audacieux

Ce virage vers la transformation locale s’inscrit dans une vision plus large : lutter contre la pauvreté rurale, accroître la souveraineté alimentaire, et faire du secteur de l’élevage un moteur de croissance nationale. En 2005, la filière bétail-viande représentait déjà plus de 9 % du PIB national, et près de 75 % de la valeur ajoutée générée par l’ensemble du secteur de l’élevage​.

Avec la mise en place de l’AFA et des investissements ciblés, le Burkina Faso trace ainsi une trajectoire ambitieuse pour devenir un acteur incontournable du commerce régional de viande. Un défi de taille, mais à la hauteur du potentiel du pays.

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Malick Kane