
Garoua, Cameroun – Le stade omnisports de Roumdé-Adjia a servi de cadre, ce mercredi 12 juin 2024, à l’ouverture solennelle du Salon International des Industries et Techniques Agropastorales du Septentrion (SIAGROS), un événement inédit qui réunit pendant plusieurs jours les principaux acteurs de l’agriculture, de l’élevage, des pêches et des industries agroalimentaires du Cameroun et de la sous-région.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), Gabriel Mbaïrobe, en présence du Ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), Dr. Taïga, du gouverneur de la région du Nord, Jean Abate Edi’i, ainsi que de nombreuses autorités administratives, traditionnelles, diplomatiques et économiques.
Une plateforme stratégique pour l’agriculture et l’agro-industrie du Septentrion
Cette première édition du SIAGROS, placée sous le thème « Industries agroalimentaires et renforcement de la sécurité alimentaire dans le Septentrion », se veut une vitrine des potentialités et des innovations dans les domaines de la production, de la transformation et de la commercialisation agropastorale.
Dans son discours d’ouverture, le ministre Gabriel Mbaïrobe a insisté sur la nécessité de transformer structurellement l’agriculture camerounaise, en mettant en avant les synergies entre production agricole, élevage, pêche, et transformation industrielle. « Le SIAGROS représente plus qu’une simple foire. C’est une plateforme de valorisation de nos chaînes de valeur agroalimentaires, et un espace de solutions pour lutter efficacement contre la sous-alimentation », a-t-il affirmé.
Il a aussi salué le travail des organisateurs, notamment Dr. Abdoul Nasser Ousmanou, délégué régional de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) pour le Nord, qui a porté cette initiative avec l’ambition de faire du SIAGROS un rendez-vous annuel incontournable pour la transformation du tissu économique local.
L’élevage et la pêche au cœur des préoccupations
Au cœur de ce salon, le secteur de l’élevage a occupé une place de choix. Des expositions de races améliorées de bovins, ovins et caprins ont permis de mettre en valeur les efforts de sélection et de croisement réalisés au niveau local, avec le soutien du MINEPIA et des instituts de recherche tels que l’IRAD.
Des panels ont été consacrés aux défis de la santé animale, à la régulation des mouvements de bétail transfrontalier, à la lutte contre les maladies transfrontalières comme la Peste des Petits Ruminants (PPR), et à la modernisation des infrastructures d’abattage et de transformation.
Le ministre Dr. Taïga a rappelé que le cheptel du Septentrion représente une part importante de la production nationale en viande et en lait, mais que cette performance reste menacée par l’insuffisance de services vétérinaires de proximité, l’insécurité pastorale et la faiblesse de l’accès au financement des éleveurs.
Le secteur de la pêche continentale et de l’aquaculture n’a pas été en reste. Les débats ont porté sur la nécessité de structurer les coopératives de pêcheurs, d’encadrer la pisciculture dans les zones à fort potentiel comme les rivières Bénoué et Mayo-Kebi, et de promouvoir la transformation du poisson fumé et séché dans une logique d’exportation vers les marchés urbains et les pays voisins.
Une dynamique inclusive et festive
Le SIAGROS 2024 a aussi été marqué par une forte dimension culturelle et populaire. Le groupe traditionnel Gouma, dans un spectacle haut en couleur, a rythmé la cérémonie d’ouverture, provoquant l’enthousiasme des centaines de participants venus des dix régions du Cameroun, ainsi que du Tchad, du Niger et de la République centrafricaine.
Des prix ont été remis à des producteurs et innovateurs dans les domaines agricoles, de l’élevage et de la transformation agroalimentaire. Parmi les lauréats, on note la distinction spéciale attribuée à une équipe de chercheurs de l’IRAD pour leurs travaux sur la résistance génétique des petits ruminants face aux maladies endémiques.
L’ambiance conviviale et les multiples échanges entre agriculteurs, éleveurs, chercheurs, coopératives, banques agricoles et partenaires au développement ont renforcé l’idée que le SIAGROS est non seulement un salon économique, mais aussi un levier de transformation sociale et territoriale.
Vers une industrialisation agroalimentaire régionale
Le salon se poursuit jusqu’à la fin de la semaine avec un programme dense : conférences, foires d’exposition, rencontres B2B, démonstrations de machines agricoles et visites d’unités de transformation. Il s’achèvera par l’adoption d’un manifeste de Garoua, qui proposera des recommandations concrètes pour faire du Septentrion une zone agro-industrielle compétitive, durable et inclusive.
Avec cette première édition réussie, le SIAGROS 2024 s’impose comme un catalyseur pour l’émergence des industries agroalimentaires au nord du Cameroun, tout en posant les jalons d’une meilleure sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique et de forte croissance démographique.